Le professeur Abderrazak Dourari était, mercredi après-midi, l’invité de la maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira, où il a donné une conférence-débat autour des “conséquences de l’officialisation de la langue amazighe”. Pour le conférencier, l’État, à travers ses institutions, a enfin “eu le courage” de reconnaître à l’Algérie son “aspect pluriel et multiculturel”.
“Depuis l’indépendance, les tenants du pouvoir ont voulu, coûte que coûte, faire de notre patrie un pays monolithique et monolingue. C’est une erreur aussi ridicule que grave”, dira le directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight (CNPLET). “C’est une révolution majeure, car on est passé d’un paysage politique et culturel figé et fermé à une nation qui accepte enfin
son identité et ses cultures”, a-t-il souligné.
Selon lui, les acquis de tamazight et Yennayer ont conféré au peuple algérien une “fierté confisquée” pendant des décennies. “C’est une des conséquences de l’officialisation de la langue amazighe. Être en paix avec soi-même et avec les autres.”
Par la suite, il mettra l’accent sur un point crucial et vital, selon lui, pour permettre à cette langue de prendre son envol : son aménagement. Ainsi, pour le professeur Dourari, l’État a permis “la légalité” de cette langue, en lui conférant un cadre juridique et des assises solides. Néanmoins, selon lui, l’aménagement de son corpus, sa production et son enrichissement ne relèvent pas des pouvoirs publics, mais des acteurs de la société civile et de la future académie de la langue amazighe.
“C’est à nous de faire le travail. C’est à l’académie qui sera composée de chercheurs de donner ses lettres de noblesse à tamazight”, a-t-il plaidé.
C’est donc aux chercheurs et linguistes d’adapter cette langue aux besoins de la société.RAMDANE BOURAHLA
