Ambiance morne dans la capitale, Alger, réveille-toi !

Ambiance morne dans la capitale, Alger, réveille-toi !
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Le mot d’ «El Bahdja» ne fait que perdre de son sens au fur et à mesure que les années passent. Il est très difficile de trouver des opinions qui perçoivent la capitale autrement.

«Cette ville m’est devenue invivable, voire insupportable, ce n’est plus celle d’il y a 20 ans et plus, beaucoup de choses ont changé, y compris les gens qui l’habitent …» regrette un vieux retraité qui a quitté la capitale pour une autre ville.



Il est à peine 18h30, un jour de semaine, le soleil n’a pas encore quitté Alger la blanche. Ses rues comme ses magasins pullulent de monde. Pas si nombreux que la matinée, mais la vue générale donne l’impression et rassure encore qu’il fait encore jour. Du fait que ces lieux sont cédés à certaines catégories bien définies de la population après la prière d’El Maghreb, les agresseurs, les mendiants, les sans- abri, ainsi que ceux qui s’aventurent à être leurs semblables… A la place Emir Abdelkader, un groupe d’amis s’est installé dans un salon de thé. Ils bavardaient de tout et de rien en attendant d’autres amis qui devaient les rejoindre. La rencontre n’a pas dépassé une trentaine de minutes, quand la charmante serveuse vient leur annoncer, sans le moindre sourire : «On doit fermer…». Il était alors 18h50, et les clients demandaient une «faveur» à cette serveuse, puisqu’ils attendaient d’autres arrivants.

«Vous pouvez rester encore jusqu’à 19h00. Je dois rentrer chez moi». Les jeunes, n’ayant pas le choix, prennent leurs affaires, passent à la caisse et sortent sans trop parler ; ils ne sont pas les seuls d’ailleurs. Les quelques clients qui se trouvent à l’intérieur du salon ont fait de même. Cette scène ne serait qu’un échantillon des ennuis que rencontrent les citoyens qui tentent de changer d’air ou d’idées en sortant dans les rues d’Alger, la capitale. Fort est de constater qu’il est «ennuyeux» de se promener dans la capitale, notamment en fin de journée. «La capitale va mal, c’est un couvre-feu, autrement appliqué par les commerçants, on ne peut pas sortir pour manger dehors après

20h00. Les magasins baissent rideau à 18h00, et le transport se fait rare également après ces horaires. Comment animer la capitale si le transport fait défaut, et que les commerces

ferment ?» s’interroge un groupe de jeunes qui regrette le faite que la capitale soit paralysée par un laisser-aller qui ne dit pas son nom. Les mêmes interlocuteurs se demandent pourquoi nos commerçants ne veulent pas travailler. C’est pourtant eux qui encaissent l’argent pas leurs clients, s’exclame Rabah, la cinquantaine. En effet, le mot d’«E Bahdja» ne fait que perdre de son sens au fur et à mesure que les années passent. Il est très difficile de trouver des opinions qui la perçoivent autrement. «Cette ville m’est devenue invivable, voire insupportable, ce n’est plus celle d’il y a 20 ans et plus, beaucoup de choses ont changé, et y compris les gens qui l’habitent…» regrette un vieux retraité qui a quitté la capitale pour Tipasa.

Une autre femme qui garde dans ses souvenirs l’image des années d’or d’Alger se dit «choquée» par l’aspect de la capitale aujourd’hui : «Je préfère, parfois, restée enfermée chez moi que de sortir. Cela me fait mal au cœur de voir comment les femmes sont traitées dans la rue. Il y a un problème d’éducation. On ne peut pas sortir sans que l’on soit harcelée par les regards ou par les propos dé-sobligeants. La jeunesse d’aujourd’hui manque de respect envers autrui. On risque de voir et d’entendre des choses….».

Autre les provocations et le non-respect des autres, ainsi que le changement physique de la capitale, les désagréments que racontent les citoyens n’ont rien à voir avec l’embarras des embouteillages et le phénomène de la surpopulation dans la capitale, non plus, l’hygiène des rues et quartiers, mais approchés, les gens disent ne plus avoir le plaisir d’antan d’emprunter ces quartiers pour les redécouvrir encore et encore. Rien à voir, ni à découvrir mis à part les agressions, les mendiants, les malades mentaux et un calme qui déplaît à ceux qui veulent voir et entendre cette ville historiquement connue par sa «Bahdja», une joie que ses habitants veulent revivre comme jadis…

Par Yasmine Ayadi