Un remaniement du gouvernement, limité à trois ministères, a été annoncé jeudi en Algérie. Principal nouveauté : Amara Benyounès, fervent supporter du président Abdelaziz Bouteflika, quitte l’exécutif.
Le président Abdelaziz Bouteflika a décidé, jeudi un léger remaniement du gouvernement, marqué essentiellement par le départ de M. Amara Benyounès, qui quitte le ministère du commerce. Il est remplacé par M. Bakhti Belaïd.
Le gouvernement subit aussi deux autres changements : M. Sid Ahmed Ferroukhi, ancien ministre délégué chargé de la pêche, est promu au ministère de l’agriculture, en remplacement de M. Abdelkader Kadi, alors que M. Hadi Ould Ali devient ministre de la jeunesse, à la place de M. Abdelkader Khomri
Partisan zélé du président Bouteflika, Amara Benyounès est un ancien proche de Saïd Saadi. Entré au gouvernement à la faveur de la première élection du chef de l’Etat, lorsque le courant passait entre Saïd Saadi et le chef de l’Etat, M. Benyounès avait ensuite refusé de suivre son mentor. Il avait créé un parti, le Mouvement Populaire algérien (MPA) et assumé plusieurs fonctions ministérielles.
M. Benyounès était connu pour ses sorties médiatiques osées, parfois à l’emporte-pièce. Interrogé sur l’état de santé du président Bouteflika, à la veille de la présidentielle de 2014, il avait déclaré que le chef de l’état était certes diminué physiquement, mais que « son cerveau fonctionnait mieux que nous tous ».
« Inaal bou elli ma yehebnèch » (Que Dieu maudisse ceux qui ne nous aiment pas), avait-il dit à propos des adversaires de M. Bouteflika. Ses propos avaient provoqué une vive controverse.
Un homme controversé
Laïc convaincu, M. Benyounès avait aussi abrogé, au débit de l’année, une circulaire signée d’un ancien prédécesseur islamiste, imposant une autorisation préalable pour tout commerce de gros de boissons alcoolisées. Une offensive islamiste l’avait alors pris pour cible.
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait fini par faire marche arrière, « dans un souci d’apaisement ». Il s’était aussi trouvé confronté à une crise dans le commerce automobile.
Un nouveau cahier de charges, imposant certaines restrictions, devait entrer en vigueur. Les pressions des concessionnaires avaient fait reporter l’application du texte, puis poussé à des amendements.
Mais des milliers de véhicules se trouvaient bloqués dans les ports d’Algérie pendant ces négociations, provoquant même des pénuries de certains modèles très demandés sur le marché algérien.
M. Benyounès avait des « relations exécrables » avec plusieurs membres du gouvernement, selon un ancien ministre qui l’avait côtoyé au gouvernement. M. Benyounès est remplacé par M. Bakhti Belaïd, qui avait déjà occupé ce poste.
Membre du RND, M. Belaïd est considéré comme un proche du directeur de cabinet du président Bouteflika, M. Ahmed Ouyahia, qui vient de faire un retour remarqué à la tête du parti qu’il avait créé en 1997.
Un berbériste reconverti et un technicien consensuel
Abdelkader Khomri, un apparatchik de l’ancienne UNJA et du FLN, quitte le gouvernement. En conflit avec l’ancien ministre des sports, Mohamed Tahmi, M. Khomri avait eu des ennuis de santé. Un site électronique a même fait état d’une hospitalisation en France.
Son remplaçant vient de la mouvance berbériste, qui a rejoint le pouvoir ces dernières années. M. Ould Ali faisait partie du Mouvement culturel berbère, dont sont issus la plupart des militants contestataires de Kabylie.
Au ministère de l’agriculture, Sid Ahmed Ferroukhi remplace Abdelkader Kadi, qui ne sera resté à ce poste que deux mois. M. Ferroukhi fait figure de technicien consensuel, gérant tranquillement les secteurs qui lui sont confiés, sans jamais faire de vague.
Il remplace M. Kadi qui est rétrogradé, comme l’indique un communiqué diffusé mercredi, au poste de poste de wali de Tipaza.