Le président Bouteflika était dans son rôle et conformément à ses prérogatives lorsqu’il avait nommé et limogé des officiers supérieurs de l’armée ces trois derniers mois.
C’est ce qu’a affirmé hier lundi à la radio nationale, Amara Benyounès, secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA). Sur une question d’un auditeur de la chaîne 3, il a répondu qu’il y a ’des polémiques qui ont éclaté ces deux derniers jours. Le président de la République a pris un certain nombre de décisions dans la nomination et le limogeage d’un certain nombre de militaires », parlant visiblement du départ du général de corps d’armée, Mohamed Médiène dit Toufik, et la nomination de Bachir Tartag comme successeur de Toufik au DRS. Et Amara Benyounès de s’interroger : «Est-ce qu’il s’agit de ses prérogatives ou non? Oui, ce sont ses prérogatives», a-t-il soutenu, avant de revenir sur l’actuelle polémique concernant les déclarations du général Khaled Nezzar sur Aït Ahmed. «Si Hocine a dit un certain nombre de choses et Si Khaled Nezzar est en train de le contredire.
Ce sont des paroles d’homme contre paroles d’homme. Il faut laisser les historiens qui vont un jour trancher», a-t-il dit, après avoir fait remarquer qu’il y a «beaucoup de polémiques ces derniers mois». Pour Amara Benyounès, «certains veulent ouvrir le dossier des années 1990. Celui qui veut l’ouvrir n’a qu’à l’ouvrir», a-t-il ajouté. «Je salue l’arrêt du processus électoral, c’est le terrorisme intégriste qui a déclaré la guerre à l’Etat algérien et au peuple algérien. On s’est défendu, on les a vaincus militairement», précise-t-il. Revenant par ailleurs sur l’avant-projet de la Constitution, rendu public la semaine dernière, Amara Benyounès a critiqué l’article 51, appelant le président Bouteflika à l’amender ou l’abroger. Il a estimé qu’il faut «réparer une injustice». L’article 51 de cet avant-projet de Constitution, qui devait être examiné en Conseil des ministres hier lundi, stipule notamment que «la nationalité algérienne exclusive est requise pour l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat et aux fonctions politiques», y compris pour les élections présidentielles. Intervenant à la radio nationale, il a indiqué hier que «cet article interdit aux détenteurs de la double nationalité d’accéder aux fonctions de l’Etat. Je suis contre et je voudrais que le président intervienne sur cet article». Benyounès donne l’exemple de certains anciens joueurs de l’équipe nationale, des binationaux comme Bouguerra, Antar Yahia ou d’autres, et tous ceux qui ont porté les couleurs du pays, ont la double nationalité. Si cet article est maintenu, ils ne pourront accéder aux fonctions de l’Etat, comme députés par exemple». «J’en appelle au président pour amender ou revoir cet article». Cet article a été sévèrement critiqué d’ailleurs par l’émigration dont les milieux intellectuels et d’affaires. L’ex-ministre du Commerce et leader du MPA, proche du pouvoir, revient par ailleurs plus en détails sur ses impressions après l’officialisation de tamazight par cet avant-projet de Constitution. «L’officialisation de tamazight est une décision historique. C’est le couronnement du combat de plusieurs générations de militants et militantes», a-t-il dit. Il ajoute que «cette Constitution consacre le combat pour la reconnaissance officielle de tamazight, l’identité amazighe. C’était le combat de plusieurs générations de militants, cela a été un combat pacifique et non violent. Je salue le président d’avoir pris cette décision courageuse». Il s’explique : «Courageuse, car la situation n’est pas simple. C’est l’aboutissement d’un combat de plusieurs générations (et) les choses se sont totalement apaisées.» Pour Amara Benyounès, «cet avant-projet de Constitution est un couronnement d’un long processus de discussions. On a reproché au gouvernement d’avoir trop tardé, maintenant qu’elle arrive, ils disent qu’elle ne sert à rien», souligne-t-il, relevant qu’il y a «un certain nombre d’avancées (dans ce projet), le Premier ministre dispose de plus de prérogatives, comme le Parlement a plus de prérogatives…». Quant à la constitutionnalisation de la saisine du Conseil constitutionnel par l’opposition, il a rappelé que «c’est une revendication de l’opposition», avant de faire remarquer : «Je ne comprends pas (les réactions, NDLR) de l’opposition, car toutes les revendications de l’opposition sont dans cette Constitution». Quant au MPA, «nous avons fait un certain nombre de remarques, comme la consécration des libertés individuelle et collective, une instance indépendante de surveillance des élections, tamazight, et on retrouve ces remarques dans le texte final».
LES FAUX DEBATS
Par ailleurs, Amara Benyounès, qui avait un moment chauffé le banc de l’opposition, estime que la querelle sur «la limitation des mandats (présidentiels) est un faux débat. (Le nombre de mandats) n’est pas un critère de démocratie, tous les pays démocratiques ne limitent pas de mandats», a-t-il expliqué, estimant que «le plus important pour nous est le mode d’accès au pouvoir. Si le peuple veut prolonger le mandat de son président, grand bien lui fasse». Sur les critiques de l’opposition qui a affirmé que le président veut gagner du temps avec ce projet de Constitution, et des amendements reçus du bout des lèvres par l’opposition, il s’est exclamé : «Comment le gouvernement ou le président veulent retarder ou gagner du temps? Et au moment où on met en œuvre cette Constitution, on dit que cela ne sert à rien. J’estime que tout le monde est dans son rôle, c’est le président qui décide, et libre à l’opposition de voter ou non pour cette Constitution».
Sur le mode d’adoption de cette Constitution, il a estimé qu’au »MPA, on aurait aimé aller vers un référendum, car c’est un projet de société, quelle société va-t-on laisser à nos enfants? C’est au Conseil constitutionnel de décider s’il faut un vote au Parlement ou aller vers un référendum».
Sur l’article 170 relatif à la mise en place d’une instance indépendante de surveillance des élections, il a relevé qu’il est «une réponse cinglante pour ceux qui ont dit que le président n’a pas répondu à l’opposition. La mise en place d’une instance indépendante de surveillance des élections répond à ces interrogations de l’opposition, et cela nous amène vers des élections transparentes et libres». Et «pour critiquer cet article, il faut attendre de voir quelles seront ses composantes», a-t-il fait remarquer, avant de rappeler que «cette fois-ci, la commission est constitutionnelle, elle est permanente, se charge de suivre l’évolution du fichier électoral. C’est une avancée considérable en matière de démocratie», affirme le SG du MPA pour qui, «en dernière instance, seul le peuple est souverain dans ses choix». Sur les droits de l’homme, il estime d’autre part que ce dossier «est une préoccupation fondamentale du président.
Le fait de mettre une instance chargée de promouvoir les droits de l’homme est une avancée considérable». Et puis, dans le projet de Constitution, il y a dorénavant la fin «des délits de presse, c’est constitutionnalisé. C’est une revendication de nos amis journalistes depuis des années. Je crois cette fois-ci que la sagesse du président a primé, il n’y a plus de délit de presse, c’est une avancée importante».
Enfin, Amara Benyounès salue la constitutionnalisation du «droit d’investir et commercer. C’est fondamental. Le socialisme est mort et enterré dans le monde entier. Il faut absolument que cette liberté revienne dans le système économique».