«Il n’y a jamais assez de démocratie mais trop de dictature»
Le chef de l’Union pour la démocratie et la république (UDR), Amara Benyounès, a appelé hier à Oran les militants de son parti de l’Ouest à se préparer à un congrès qui se tiendra au mois de janvier 2012. Toutefois, il précisera : «Je ne sais toujours pas s’il s’agit d’un congrès constitutif ou d’un congrès extraordinaire, nous attendons la promulgation de la nouvelle loi sur les partis politiques, actuellement en examen à l’Assemblée populaire nationale, avant de trancher la nature de ce congrès.»
Réagissant à la dernière déclaration du ministre de l’Intérieur autour de la création de nouveaux partis politiques, Amara Benyounès se dit, une fois encore, étonné par les «sorties» d’Ould Kablia. «Lors de sa dernière sortie médiatique, le ministre de l’Intérieur a dit qu’il n’y a pas assez de place pour cinquante partis, moi je dirai que même 100 partis ce n’est pas assez, il n’y a jamais assez de démocratie mais trop de dictature.»
Tout en dénonçant certaines formations politiques qui s’opposent à l’agrément de nouveaux partis, il a exprimé son rejet du système d’agrément des partis, «cette loi n’existe dans aucun pays démocratique où la création de partis se fait selon un système déclaratif. Il faudrait plutôt mettre un terme à la politique de chkara et opter pour un financement public des partis». Durant cette rencontre régionale de l’UDR, Amara Benyounès a plaidé pour l’abrogation du code de la famille et d’instaurer le quota des femmes dans les institutions de l’Etat. Le parti de l’UDR aspire dira, son président, à atteindre une représentativité féminine au sein de son parti à 50%, «ce ne sera que justice qui leur sera rendue», dit-il. La question de l’ouverture de l’audiovisuel est, selon le SG de l’UDR, vide de sens «tout Algérien est branché sur une chaîne du câble, ce qu’il faudrait par contre c’est de commencer avant tout par libérer la chaîne nationale et la radio». Abordant le projet de réforme de la Constitution, l’intervenant dira que sur les deux choix qui se présentent à savoir le recours à l’Assemblée constituante ou le référendum populaire, son choix est tout à fait clair «je suis radicalement et totalement opposé au recours à l’Assemblée constituante. Je serai toujours radicalement opposé aux intégristes. Ce que le FIS n’a pas eu en 1991, les intégristes ne doivent pas l’avoir en 2011». Tout en rendant hommage aux victimes du terrorisme et aux patriotes, Amara Benyounès fustige Farouk Ksentini quant à sa déclaration au sujet de “l’intention du président de décréter l’amnistie générale pour les terroristes”, et de s’interroger ironiquement «que veulent-ils de plus ces repentis ? Lorsqu’ils se rendent tous, ils nient avoir commis des meurtres et se contentent de dire moi je lavais la vaisselle, moi je cuisinais… c’est à penser que tous étaient des femmes de ménage dans les montagnes ! Deux ans plus tard, ils se font construire des villas et roulent en 4×4 ! L’hommage devrait plutôt être rendu aux victimes que nous avons tendance à oublier». En réponse à une question sur l’arrestation de Khaled Nezzar en Suisse, le SG de l’UDR dira : «Il y a des terroristes qui se revendiquent en tant que tel depuis plus de vingt ans et qui vivent en Suisse et n’ont jamais été entendus par la justice pour leur crime, pour ma part, je défendrai toujours les généraux dans le cadre de la question de l’arrêt du processus électoral de 1991». Il a, par ailleurs, rappelé les positions de l’UDR par rapport aux révolutions arabes «tous les dirigeants arabes sont des dictateurs et la plus grande dictature, c’est celle du roi de l’Arabie saoudite. L’Algérie, elle, a besoin d’un rassemblement le plus large possible du camp démocratique», dira l’intervenant. L’Alliance présidentielle n’est pas représentative du peuple, selon le SG de l’UDR, «ces partis de l’Alliance ont commencé par soutenir Zeroual, puis Bouteflika et ils continueront avec un autre président.» Et d’ajouter «ce n’est pas l’Alliance de ces trois partis qui soutient le président de la République, mais plutôt le chef de l’Etat qui la soutient, si un jour Bouteflika décide d’annoncer publiquement qu’il se désengage de cette Alliance, plus aucun militant ne continuera à être membre de cette Alliance». Amara Benyounès a, toutefois, tenu à exprimer son total désaccord avec le président de la République concernant l’accueil digne d’un chef d’Etat réservé à Rached Ghannouchi, chef du parti d’Ennahda «que Belkhadem ou Soltani l’accueillent, ceci est tout à fait normal et logique, mais que l’on dépêche Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la Nation, le deuxième homme de l’Etat, pour l’accueillir, ça je ne comprends pas !». Revenant sur l’agrément de son parti, le SG de l’UDR dira à ses militants : «L’obtention de l’agrément est une certitude absolue, nous avons réuni toutes les conditions, après son obtention ce sera le début d’un long travail qui attend notre parti.»
A. B.