Amar Saâdani le réclame en tant que chef du parti majoritaire, « Nous voulons tout le pouvoir »

Amar Saâdani le réclame en tant que chef du parti majoritaire, « Nous voulons tout le pouvoir »

Le secrétaire général du FLN

Alors que son parti navigue dans «l’illégalité», peine à justifier le retard dans la tenue de son congrès, Amar Saâdani tente de faire diversion et tous les moyens sont bons.

Le secrétaire général du FLN ne veut pas descendre de ses grands chevaux et est de plus en plus exigeant. «En tant que parti majoritaire, nous voulons tout le pouvoir», a-t-il déclaré hier, lors d’un point de presse tenu à l’issue d’une réunion du bureau politique du FLN, en assénant qu’«il faut en finir avec le bricolage».

«La situation politique que nous vivons en Algérie n’existe nulle part ailleurs dans le monde», a-t-il, en outre, appuyé tout en se demandant comment se fait-il que le parti majoritaire dans toutes les assemblées élues du pays ne dirige pas le gouvernement. Mais pas seulement. Visiblement agacé par le fait que le FLN endosse toute la responsabilité du gouvernement devant le peuple sans qu’il en soit le vrai dirigeant, Amar Saâdani a déclaré que l’Algérie d’aujourd’hui évolue en dehors de la Constitution et il en veut pour preuve, la déviation de la volonté du peuple qui, lui, a voté pour le FLN au nom duquel, indûment, le pays est géré depuis 1962 mais qui, regrette le patron de l’ex-parti unique, n’exerce aucun pouvoir dans la réalité. «Il faut que ceci cesse et il est impératif que l’on construise un Etat», a-t-il insisté.

Evoquant par ailleurs, l’objet de la réunion du bureau politique du FLN, Amar Saâdani a fait savoir que les instances dirigeantes du parti ont longuement débattu la question, fort primordiale pour le FLN, de la révision de la Constitution qui va, selon M.Saâdani, intervenir très prochainement. De ce sillage, le secrétaire général du FLN a tenu à rappeler l’importance capitale de la démarche du président de la République et a appelé tout le monde à y prendre part, y compris l’opposition, dont il qualifie les positions présentes de «stériles». «Ce n’est pas à partir des hôtels où ils se réunissent qu’ils vont contribuer à l’instauration d’un Etat de droit» a-t-il assigné aux partis réunis au sein de la Cnltd. Amar Saâdani s’est aussi attelé à étaler les positions de son parti par rapport au projet de révision de la Constitution.

«Le FLN milite pour un Etat de droit, pour l’élargissement des prérogatives du Parlement, le retour au poste du chef de gouvernement qui doit être responsable et comptable devant le Parlement et pour la séparation effective des pouvoirs», a-t-il dit. Néanmoins, ce faisant, Saâdani ne manque pas de préciser que le FLN est patient et est prêt à étendre son combat dans le temps, jusqu’à ce qu’il aboutisse. Autrement dit, le FLN est disposé à se faire renvoyer aux calendes grecques.

Ce que par contre ne dit pas Saâdani qui exige un gouvernement comptable devant le Parlement, c’est que le bureau politique du FLN qui dirige les travaux et qui valide ses thèses et ses positions n’est pas comptable devant le comité central du parti, instance souveraine par excellence. La preuve dans ce sens est incontestable: le comité central du FLN qui se réunit en session ordinaire deux fois dans l’année, ne s’est pas réuni depuis le 24 juin 2014.

Pour voiler cette faille politique aux enjeux fort déterminants pour la crédibilité et le bon fonctionnement du Front, Amar Saâdani agit plutôt en bon tacticien et croit dur comme fer qu’en lançant son opération de restructuration du parti, à travers notamment la mise en place de nouvelles mouhafadhas, en parlant du rajeunissement du parti et du renforcement de la démocratie au sein de ses instances, il peut faire passer sous silence «l’illégalité» de sa démarche tant décriée par ses adversaires d’ailleurs,. Mais le temps n’est plus aux moines et, dans l’Algérie d’aujourd’hui, il est naturellement malvenu de chanter la démocratie et de lui assigner des coups de poignard, même dans le noir des coulisses.