Amar Ghoul, président de TAJ, à “LIBERTÉ” : “Une nouvelle carte politique est attendue après l’élection”

Amar Ghoul, président de TAJ, à “LIBERTÉ” : “Une nouvelle carte politique est attendue après l’élection”

Pour sa première participation à une élection, Amar Ghoul, président de TAJ, explique comment son parti a mené campagne. Il trace les grandes lignes de son programme et s’exprime sur plusieurs autres questions.

Liberté : Cette élection est la première expérience pour votre parti. Comment avez-vous mené cette bataille ?

Amar Ghoul : Effectivement, c’est notre première expérience, mais je dois avouer que nous avons pris le temps nécessaire pour nous préparer. Nous avons travaillé durant les cinq dernières années à préparer cette échéance. Je rappelle que c’est pour bien se préparer pour l’échéance actuelle que nous n’avons pas pris part aux élections locales de 2012. Notre choix était dicté par l’envie de mettre sur pied une formation politique forte, présente et représentative. Un parti capable de concurrencer d’autres formations politiques, apte à faire des propositions et peser sur l’échiquier politique national.

Nous avons pris tout ce temps pour bien structurer le parti dans les 48 wilayas du pays et à l’étranger. Nous avons insisté sur les trois piliers, que sont les jeunes, les femmes et les compétences. Ces trois piliers donnent de la force, de la consistance et de la présence au parti. Tout le travail fait est couronné par un programme riche, varié et surtout réaliste. Nous avons développé les grands axes durant les deux premières semaines de la campagne et il est axé, notamment, sur les spécificités de chaque région. C’est un travail colossal que les militants ont fait. Notre programme scrute toutes les problématiques qui se posent pour notre pays et sur tous les volets. Le programme que propose aussi TAJ n’a pas laissé indifférent le citoyen lambda, parce que nous avons choisi de parler directement aux citoyens en fonction de leur situation, de leur région, de leurs attentes…

La campagne est pour le moment rude. Quelle était votre stratégie ?

Nous avons fait de la proximité depuis 5 ans. Le contact avec la population a été entrepris depuis et il est d’un grand apport pour notre campagne. Sans oublier que la composante de notre base militante est à 80% de jeunes. Ce qui est un atout de taille pour nous. Nous avions déjà engagé une opération que j’appelle opération de “fidélité au parti”. Cette opération est une manière pour nous de mobiliser nos militants avant le scrutin. Le travail réalisé jusque-là nous permet de dire que TAJ jouera les premiers rôles et nous sommes très confiants.

Indépendamment de la mobilisation des militants du parti, cette élection est sérieusement menacée par l’abstention. Cette dernière reste la hantise du scrutin. Quel est votre commentaire ?

Si on s’intéresse aux difficultés sociales, économiques et financières auxquelles le pays fait face. Aux pressions qui s’exercent sur le pays du fait d’un environnement international déstabilisé et d’un voisinage en pleine difficulté, notamment, sécuritaire. À cela s’ajoutent des forces internes qui tentent de rallier la jeunesse à son mot d’ordre de boycott, certains diront que la mission est délicate.

En revanche, à TAJ, on est toujours optimiste. Cela dit, même si cette échéance est notre première expérience, nous sommes résolus, grâce à notre travail et nos engagements avec la base militante, à jouer notre rôle pleinement en drainant tout notre potentiel militant pour contrecarrer les velléités de l’abstention et du boycott. La participation aux élections est la responsabilité de tous. Elle est partagée, à la fois, par les partis politiques, les institutions de l’État et la société civile. Et par-dessus tout, c’est une responsabilité citoyenne aussi parce que le boycott n’a jamais été une solution.

Dans toute démocratie, seule l’urne décide. Nous respectons la position de tout un chacun, mais nous disons que le boycott ne mènera à rien car la solution réside dans une forte participation. Il faut aussi évoquer les programmes qui sont soumis à l’appréciation des électeurs. En ce qui nous concerne, nous avons concocté le notre en cinq parties. Il s’agit de l’axe de la stabilité et tout ce qui concerne la paix et la stabilité du pays qu’on doit préserver et consolider.

Du politique que je pourrai résumer en une charte pour faire de la classe politique l’encadrement de la société, avec, en prime, la consolidation des acquis démocratiques, le respect des libertés, des droits de l’Homme… Concernant le volet économique, nous proposons des issues et des alternatives pour sortir définitivement de la rente pétrolière, en boostant l’investissement… Pour le social, nous avons fait des propositions pour lutter contre le chômage, d’autres pour régler la problématique du logement… Nous avons aussi introduit un volet culturel afin de faire de cette diversité un espace non seulement d’épanouissement social, mais un vecteur de développement économique. Nous avons aussi proposé la création d’un département économique dans toutes nos ambassades.

Mis à part les appels au boycott, d’autres mettent en garde contre la fraude. Êtes-vous convaincu des assurances données pour un scrutin libre et transparent ?

À TAJ, nous sommes justes et réalistes. En Algérie, notre démocratie est naissante et elle se construit. Elle se construit par étape et devient au fur et à mesure une pratique quotidienne et une culture du peuple. Il nous faut suivre toutes ces étapes pour bâtir notre démocratie. À TAJ, nous sommes convaincus qu’entre nous, Algériens, nous sommes capables de relever le défi et construire la démocratie. Nous devrions préserver les acquis et les consolider, car dans le cas contraire, nous risquons de retomber dans l’anarchie et le chaos. Concernant la transparence, les partis politiques doivent êtres responsables.

Les formations doivent assurer un contrôle dans chaque bureau. Je sais, par ailleurs, que pour le faire, il faut mobiliser quelque 70 000 personnes le jour J. Et si un parti n’a pas la force de mobiliser un millier de personnes pour contrôler et qu’il crie, par anticipation, à la fraude, je trouve cela illogique. La balle est aussi dans le camp des partis politiques, car ils sont les vrais acteurs de cette opération de contrôle. Il faut noter qu’une Haute instance est mise sur pied et qu’elle jouit de toute la liberté pour mener sa mission. Sans omettre, bien entendu, les garanties données par les autorités du pays et la Constitution.

La campagne tire à sa fin. Après près de trois semaines de discours, de rencontres et de meetings, quel bilan tirez-vous de toutes vos sorties ?

On a sillonné les quatre coins du pays, on a rencontré les citoyens et on a développé le programme que propose TAJ. Lors de nos rencontres, nous étions accueillis par des foules qui ont montré un intérêt particulier à notre parti. L’adhésion était totale, sincère et franche.

C’est une plus-value non seulement pour le parti, mais aussi pour tout le pays. Nous sommes engagés à briguer les premières places. Nous sommes convaincus qu’il y aura, à l’issue de cette élection, une nouvelle carte politique, dont les premiers signes sont visibles, entre autres, par les vagues de mécontents, les multiples désaffections et manifestations contre les listes, qui ont touché y compris certains grands partis. Plusieurs autres acteurs plaident pour une nouvelle reconfiguration politique.