Amar Ghoul le dribbleur

Amar Ghoul le dribbleur
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Un haut responsable du Gouvernement, Amar Ghoul, nous gratifia, cette semaine, de cette confession : « je joue trois fois par semaine au foot avec « le » général ». Le « le » renvoie évidemment à un autre haut responsable, de l’armée cette fois, Gaid Salah. Voilà, tout est dit. Nos responsables savent jouer au football. Ils savent, en réalité, dribbler*

En effet, pour ne pas parler de l’essentiel : l’insalubrité terrifiante de nos villes, la distribution de logements insuffisante, la gestion des activités commerciales catastrophique, ou la réforme hospitalière qui traine, nos hommes politiques préfèrent davantage abuser de petits ponts, de crochets, de passements de jambes, et de coups du foulard. Autant de gestes spectaculaires qui éloignent du nécessaire. Pourtant, il est clair, il ne suffit pas d’avoir des Puskas, Garrincha ou Zidane dans une équipe pour aspirer au succès. Il doit y avoir aussi un bon entraîneur et une stratégie conséquente. En 1966, lors de la Coupe du Monde anglaise, l’équipe du Portugal arrivait jusqu’en demi-finale grâce à un certain Eusébio. Dribbleur hors-pair, la panthère noire du Benfica hisse à lui tout seul toute une nation vers la gloire. Surprise : première participation et première demi-finale. Mais c’était compter sans la sélection anglaise dirigée par Alf Ramsey. Plus expérimenté, plus organisée, et certainement plus stratégique, l’Angleterre de Bobby Charlton, Bobby Moore et Gordon Banks, a su freiner l’élan du fin dribbleur portugais.

Son unique but, d’ailleurs, en demi-finale, ne suffira

pas à pallier le manque défensif et tactique de son équipe. Comme quoi un génie du dribble ne peut tout faire. Ce fut également le cas, plus anciennement, de la Hongrie en Suisse. Avec un Puskas des plus percutants, l’équipe Magyar devait toutefois s’incliner en finale de Coupe du Monde face au réalisme glacial de la RFA. Toujours, donc, l’histoire du dribbleur qui ne peut que

LG Algérie

s’incliner face à un groupe davantage organisé, un bloc plus collectif. Des leçons qui devraient inspirer nos politiciens. Les dribbleurs en politique, il faut bien le dire, il y en a en Algérie. Beaucoup même. Leurs beaux discours surprennent plus d’un, enchantent parfois, et donnent même de l’espoir, mais à l’image des joueurs de l’Equipe Nationale, ils ne font que du sur place avec leur ballon. Sans stratégie ni vision de jeu, leur réussite en Coupe du Monde, celle de la lutte contre le chômage ou l’augmentation des salaires, n’est pas pour demain. Nous le savons tous, un jongleur ne fait pas un footballeur, et un footballeur ne fait pas une équipe. Alors, cher Amar Ghoul, continuez à jouer au foot, développez votre jeu, ayez le sens du collectif, et surtout, marquer des buts .

Rezki A.