Chez les personnes à risque de développer une maladie d’Alzheimer, la zone du cerveau responsable du repérage dans l’espace serait moins active. Partant de ce constat, des scientifiques pensent qu’il est possible de prédire la maladie plusieurs décennies avant l’apparition des premiers symptômes, grâce à un simple test de réalité virtuelle.
Serait-il possible de prédire une maladie d’Alzheimer plusieurs décennies avant l’apparition des premiers symptômes ? Il semblerait que les chercheurs s’en rapprochent. Des scientifiques allemands viennent de publier les résultats d’une étude dans laquelle ils établissent un lien entre Alzheimer et une partie du cerveau responsable du positionnement et de l’orientation : le réseau des « cellules de quadrillage » ou « grid cells » (véritable GPS naturel dont la découverte a été récompensée par un prix Nobel de Médecine en 2014).
Un déficit d’activité des cellules de quadrillage en lien avec Alzheimer
Pour arriver à cette conclusion, ils ont étudié deux groupes de personnes âgées de 18 à 30 ans ne présentant aucun symptôme de la maladie d’Alzheimer. L’un des groupes était porteur de la variante e4 du gène APOE, connue pour être le principal facteur de risque génétique de développer un jour une maladie d’Alzheimer. L’autre groupe était porteur d’une copie « normale » du gène APOE.
Les deux groupes ont dû réaliser des exercices en réalité virtuelle, en naviguant sur un terrain en herbe sur lequel étaient dispersées des embûches (ballons de basket, légumes…). Les exercices comprenaient des tâches comme ramasser des objets et les ramener au point où ils avaient été pris.
Pendant le test, l’activité du cerveau des sujets était observée (par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), notamment l’activité au niveau des « grid cells ». Ce réseau s’est avéré être moins actif chez les sujets présentant la variante génétique APOE-e4.
Le sens de l’orientation compensé dans une autre partie du cerveau
Les sujets « à risque » de développer Alzheimer n’ont pas pour autant moins bien réussi les tests de réalité virtuelle. Ce qui signifie qu’ils compensent le déficit de leur « GPS interne » et que la navigation est opérée chez eux à un autre niveau du cerveau. Les chercheurs ont d’ailleurs relevé pendant le test une activité accrue au niveau de l’hippocampe (une zone cérébrale impliquée dans les émotions et la mémoire), uniquement dans ce groupe.
Les scientifiques ont aussi observé des différences dans la manière dont les exercices étaient réalisés. Par exemple, le groupe avec la variante génétique sont restés beaucoup plus sur les bords de la zone de l’exercice, pendant que les autres n’ont pas hésité à se rendre au centre, là où ils avaient moins de repères visuels. Ce sens de l’orientation sans repère semble plus difficile à atteindre avec une activité réduite des cellules de quadrillage.
De nouvelles voies de recherche pour comprendre Alzheimer
L’un des symptômes d’Alzheimer est la difficulté à se repérer dans l’espace. Ce test de réalité virtuelle pourrait donc ouvrir la voie à de nouvelles recherches pour comprendre comment ce sens de l’orientation est affecté par la maladie.
Dans le cas d’Alzheimer, beaucoup de scientifiques sont persuadés que plus les traitements sont administrés tôt et plus ils sont efficaces pour en ralentir l’évolution. Un simple test de réalité virtuelle pourrait être la solution pour dépister un risque de développer la maladie et pour envisager de nouvelles thérapies préventives.