Les réactions aux derniers événements qui secouent la ville de Ghardaïa se multiplient, à l’exemple du Mouvement citoyen pour les droits et les libertés qui s’inquiète des «rebondissements meurtriers de l’agression contre la paisible et industrieuse communauté mozabite, malgré les bons offices multiples, rappelant étrangement la monstrueuse provocation ourdie, en 2011, contre la rebelle Kabylie», écrit-il dans un communiqué transmis à notre journal et signé des mains de son porte-parole Ali Brahimi.
« Nul calcul politique, nulle excuse humaine ou matérielle, nulle donnée sociale, culturelle ou religieuse ne sauraient dédouaner les coups de butoir assénés à la cohésion nationale», est-il encore indiqué dans le communiqué qui souligne encore que « par la fitna qu’elle veut installer dans le corps et le territoire de la Nation, la crise sanglante de Ghardaïa souligne à l’intention des pouvoirs publics qu’aucun effort ne doit être épargné pour la protection des vies et des biens, et la sauvegarde de l’intégrité de la Nation, missions essentielles de l’Etat ».
Le mouvement citoyen, par la voix de son porte-parole, Ali Brahimi, insiste «qu’au-delà du rétablissement de la paix civile qui lui incombe, le gouvernement est rappelé à la concrétisation immédiate des solutions économiques et sociales dont il a pris l’engagement devant tout le pays pour rétablir la confiance dans les services de l’Etat».
Loin de concerner les seules autorités en charge du problème, «la tragédie du M’zab interpelle toutes les forces patriotiques à une solidarité agissante et à un devoir urgent de responsabilité pour arrêter l’effusion de sang et restaurer la confiance entre les populations de cette région », conclut le communiqué du Mouvement citoyen pour les droits et les libertés. Samedi dernier, trois personnes avaient trouvé la mort à Ghardaïa, ajoutant à la tension qui prévaut dans cette région du pays depuis plusieurs semaines.

L’autopsie effectuée par les services de médecine légale de l’hôpital de Ghardaïa sur les corps des trois victimes a révélé qu’il s’agit de décès consécutifs «à des lésions causées par la pénétration d’agents ferreux (fer rond) projetés à haute vitesse», selon le procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa. «La police judiciaire poursuit ses investigations en vue d’identifier les auteurs du lancement de ces projectiles et de les déférer devant la justice», a assuré le procureur de la République.
Après les violents affrontements entre membres des communautés ibadhites et chaâmbies de ces derniers jours, un calme relatif est revenu depuis la journée de lundi dans la capitale du M’zab désormais quadrillée par un imposant dispositif de sécurité formé de gendarmes et de policiers. Dimanche, le Premier ministre par intérim, accompagné du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, du général-major, Ahmed Bousteila, et du représentant du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), s’était déplacé dans la vallée du M’zab. M. Yousfi a présenté ses condoléances aux familles des victimes et discuté avec les notables et imams de Ghardaïa avant de se réunir au siège de la wilaya avec les élus et les représentants de la société civile.
Lors de sa visite à Batna ce dimanche, M. Yousfi a également appelé les habitants de cette région à «dialoguer, à se comprendre et à vivre ensemble dans la paix et la quiétude». Il a en outre affirmé que l’Etat «contribuera à la réhabilitation des biens endommagés lors de ces évènements et à atténuer ainsi la souffrance des citoyens touchés».
Des membres du gouvernement, concernés par les différents secteurs de développement, «seront amenés à se déplacer sur le terrain à partir de la semaine prochaine pour déterminer les actions à entreprendre en priorité en matière de développement durable de la région», a-t-il annoncé à Batna. Sur place dimanche, le ministre de l’Intérieur avait également indiqué de son côté qu’une enquête a été ouverte pour déterminer les responsabilités de chacun dans les événements de Ghardaïa. Il a ajouté après une rencontre séparée avec les deux communautés que «l’Etat est déterminé à appliquer la loi dans toute sa rigueur».
El-Houari Dilmi