Hosni Moubarak revient dans l’actualité égyptienne sept mois après sa condamnation à perpétuité
La justice égyptienne a ordonné hier un nouveau procès pour le président déchu, Hosni Moubarak, condamné à la prison à vie pour la répression de la révolte de 2011 qui avait fait 850 morts.
La Cour de Cassation a annoncé dans un arrêt sa décision d’ «annuler tous les verdicts prononcés par le tribunal criminel du Caire en juin 2012 et d’ordonner un nouveau procès pour M. Moubarak, ses deux fils Alaa et Gamal, son ministre de l’Intérieur Habib el-Adli et six responsables des services de sécurité». Son président, le juge Ahmed Ali Abdel Rahmane, a indiqué que la Cour avait accepté les appels de l’ex-président, de son ministre de l’Intérieur, de même que ceux interjetés par le parquet dans cette affaire, renvoyée devant une cour d’appel qui doit fixer une date pour une nouvelle audience.
M.Moubarak avait été condamné à la prison à vie, tout comme son ministre de l’Intérieur, pour la mort de manifestants durant la révolte de janvier-février 2011. En revanche, six anciens hauts responsables de sa police avaient été acquittés et certains d’entre eux ont depuis, été relâchés. Les deux fils de M.Moubarak, Alaa et Gamal, avaient de leur côté vu les accusations de corruption qui pesaient sur eux déclarées prescrites par la justice.
Toutefois, ils restent dans la ligne de mire de la justice, et ont de nouveau comparu samedi devant un tribunal pour une affaire de corruption liée à la Bourse.
Leur procès a été reporté au 9 février, selon la presse. Les verdicts, tout particulièrement les acquittements des hauts responsables de la police, avaient poussé des milliers d’Egyptiens à manifester au Caire et dans plusieurs autres villes du pays. L’annonce de la Cour de cassation a été accueillie aux cris de «Vive la justice» par un groupe de partisans du président déchu qui brandissaient son portrait à l’intérieur de la salle, tandis qu’une dizaine d’autres criaient à l’extérieur «Nous t’aimons, M.le président», selon un correspondant de l’AFP. Des femmes ont aussi lancé des youyous et dénoncé le pouvoir islamiste.
Cette décision intervient à moins de deux semaines des commémorations du début de la révolte populaire du 25 janvier 2011, dans un contexte politique et social difficile, six mois après l’accession à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe du premier président islamiste. L’Initiative égyptienne pour les droits personnels (Eipr) a estimé que l’arrêt de la Cour de cassation était «un résultat prévisible d’un jugement entaché d’irrégularités et qui a occulté le rôle des services de sécurité dans la répression». «Le procès a été entaché d’irrégularités et n’a pas réussi a identifier les vrais auteurs des crimes», a dit cette importante ONG dans un communiqué.
Agé de 84 ans, M.Moubarak était le premier des dirigeants emportés par le Printemps arabe à être jugé, après trois décennies au pouvoir. Une source judiciaire a indiqué que l’ancien président avait été interrogé samedi au sujet de cadeaux d’une valeur d’environ un million de dollars offerts par le principal organe de presse étatique Al-Ahram.
Après sa condamnation en juin, M.Moubarak a été incarcéré à la prison de Tora, dans la banlieue sud du Caire. Sa santé est sujette à de nombreuses spéculations et informations contradictoires depuis sa démission en février 2011. Tout au long de son procès, il était apparu devant les juges allongé sur une civière, enfermé dans un box grillagé, loin de l’image du dirigeant courtisé sur la scène internationale et redouté à domicile, qu’il avait été autrefois.
Plusieurs sources ont évoqué, après son incarcération, une nette détérioration de son état de santé, faisant état notamment de dépression aiguë, de difficultés respiratoires et d’hypertension. Il a été hospitalisé à plusieurs reprises, en particulier après une attaque cérébrale fin juin et une chute dans sa douche le 19 décembre.
Le 27 décembre, le procureur général a de nouveau ordonné son transfert vers un hôpital militaire en raison d’une détérioration de son état de santé. Il souffrait d’un épanchement pulmonaire et de côtes fracturées.
Depuis, aucune nouvelle n’a été communiquée sur son état de santé. De nombreux Egyptiens soupçonnent le sujet de la santé du président d’être instrumentalisé pour susciter de la compassion envers l’ancien dirigeant et pour lui ménager un traitement de faveur.