Alors qu’elle partage 1376 KM de frontière avec ce pays,L’Algérie ignore presque tout du Mali

Alors qu’elle partage 1376 KM de frontière avec ce pays,L’Algérie ignore presque tout du Mali

Ces fléaux déstabilisateurs et dangereux menacent autant l’Algérie que les pays du Sahel

«Notre pays a impérativement besoin d’une diplomatie crédible et efficace pour faire face aux menaces extérieures.»

«C’est la première fois que vous venez au Mali?», interrogeait Soumeylou Boubeye Maiga, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali. «Oui, la première fois que je viens en Afrique (…)», répondait un diplomate algérien, lors d’une visite officielle à Bamako. Cette anecdote a été racontée, hier au siège du Centre de recherche sécuritaire et stratégique (Crss), par un ex-consul algérien au Ghana, Ahmed Lagraâ. Cette anecdote renseigne donc, à elle seule, combien les diplomates algériens ignorent, à l’évidence, presque tout du Mali. Un pays avec lequel l’Algérie partage quelque 1376 km de frontières. Une anecdote qui rappelle également le recul et la régression de la diplomatie algérienne aussi bien au plan régional qu’international, comparativement aux décennies précédentes, quand cette dernière faisait entendre sa voix dans les affaires internationales. Qui ne se souvient de l’affaire des 52 otages américains libérés, le 20 janvier 1981, après une captivité de 444 jours en Iran, grâce à la médiation algérienne, conduite par le défunt Mohamed Seddik Benyahia, ministre des Affaires étrangères, conclue par la signature des Accords d’Alger entre les Etats-Unis et l’Iran? En effet, les téléspectateurs ont vu de belles images honorifiques, montrant l’arrivée à l’aéroport d’Alger de l’avion transportant les otages américains libérés, puis d’autres images montrant une réception à Washington au cours de laquelle les gens ont applaudi quand le président Ronald Reagan avait prononcé le nom et le mérite de «l’Algérie». S’exprimant lors d’une conférence-débat animée conjointement par le directeur du Crss et Djana Ben Amoueur, ancien officier de l’Armée nationale populaire (ANP), M.Berkouk a regretté le fait que l’Algérie ne dispose pas de chercheurs et de spécialistes sur le Mali. Pis, il relève le fait que l’Algérie manque cruellement en personnels spécialisés dans la diplomatie. Ce faisant, il soutiendra que la Bibliothèque nationale compte seulement et uniquement un

document de chercheurs algériens, datant de 1976. Et depuis, poursui-t-il, aucune, absolument aucune équipe de recherche ne s’est saisie du dossier malien, lequel constitue, du fait de sa proximité frontalière, une priorité dans le cadre de la sécurité nationale. Quand en France, ex-puissance coloniale, on compte plusieurs centres de recherche, spécialisés sur les questions africaines, traitant notamment de la région du Sahel et du Maghreb. Par ailleurs, le conférencier précise que «de tout temps, le Mali a été et demeure encore une source de menace pour l’Algérie. Outre qu’il est le foyer du terrorisme où évoluent les groupes terroristes affiliés à l’organisation d’Aqmi, le Mali maintient la question des Touareg du Kidal (nord du Mali) en suspens et laisse son territoire au bon vouloir des barons du crime organisé, sous toutes ses formes». Et M.Berkouk explique, qu’en plus de ces fléaux déstabilisateurs et dangereux menaçant autant l’Algérie que les pays du Sahel, s’ajoutent les guerres d’intérêts stratégiques, menées dans l’ombre par des ex-puissances colonialistes et néo-colonialistes. L’ancien officier de l’ANP, Djana Ben Amoueur, explique pour sa part que le temps des guerres traditionnelles s’est achevé pour laisser place aux guerres diplomatiques. Selon lui, l’Algérie a impérativement besoin d’une diplomatie crédible et efficace pour faire face aux menaces extérieures. C’est par des réseaux diplomatiques, explique-t-il, que l’on crée des zones d’influences et pour parer aux dangers extérieurs. Il préconise, pour ce faire, l’idée de redynamiser la diplomatie algérienne, aux plan régional, arabe et international. «Pour parer aux menaces extérieures, il faut intervenir de l’extérieur, en tissant des réseaux et bâtir des partenairiats efficaces», insiste l’ancien militaire, soulignant enfin que la sécurité nationale se mesure au poids dont on bénéficie au plan international induit par l’activisme de notre diplomatie.