Naguib Sawiris refuse en bloc les quatre conditions exigées par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avant toute entame des négociations sur la cession de Djezzy à l’Etat algérien.
Toutefois, le Premier ministre pourrait, selon le journal Maghreb Confidentiel, qui cite des informateurs anonymes, abattre prochainement son atout majeur : la suspension de la licence Djezzy.
En effet, en cas de changement de propriétaire, détenteur de la licence octroyée par l’Etat algérien, Djezzy tomberait sous le coup de l’article 23 de la loi n°2000-03 du 5 août 2000. D’après cet article, «la cession des droits découlant de la licence ne peut intervenir qu’après accord de l’autorité concédante par la formalisation d’une nouvelle licence établie au profit du concessionnaire. Le concessionnaire est tenu au respect de l’ensemble des conditions de la licence». Cette loi est également soutenue par l’article 19 du décret exécutif n°01-124 du 9 mai 2001 portant définition de la procédure applicable à l’adjudication par appel à la concurrence pour l’octroi des licences en matière de télécommunication, qui stipule que «tout projet de cession par le titulaire de la licence des droits découlant de la licence doit faire l’objet d’une demande auprès de l’Autorité de régulation».
Sawiris répond à Ouyahia sur Al Arabya
Dans une déclaration faite avant-hier à la chaîne égyptienne d’informations, Al-Arabiya, le milliardaire égyptien a déclaré qu’il ne compte nullement respecter les conditions imposées par le gouvernement algérien, avant le lancement du processus des négociations sur le rachat de Djezzy. Il a également révélé qu’il s’est entretenu, par téléphone, mardi dernier, avec le Premier Ministre, Ahmed Ouyahia, pour justement lui faire savoir sa position et, aussi, lui expliquer les difficultés qui ont sévi sur Djezzy, depuis la dernière crise entre les deux pays, rapporte Al Arabya. Aussi, le PDG d’Orascom a dit que les menaces de l’Algérie portant sur la nationalisation de Djezzy ne pèseront pas sur l’acquisition-fusion d’Orascom Telecom Holding (OTH) avec le russe Vimpelcom qui devrait se concrétiser définitivement en février prochain. Les autorités algériennes se sont, d’ailleurs, empressées, par la voix du ministre des TIC, Benhammadi de démentir l’entretien téléphonique évoqué par Sawiris.
Pour rappel, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait déclaré, le 30 octobre dernier, devant les députés, que «l’État algérien rachètera ce qu’on connaît communément Djezzy», avant d’ajouter que «nous ne reconnaissons qu’un seul interlocuteur, Orascom Télécom holding (OTH)». Ahmed Ouyahia a également annoncé qu’Orascom Télécom Algérie (OTA) doit payer 17 milliards de dinars de redressement fiscal pour l’année 2008-2009.
Il a soutenu que le recours, introduit par le groupe égyptien, ne donnera certainement rien puisque la somme arrêtée par les services des impôts a été vérifiée plusieurs fois. Aussi, le premier ministre a noté qu’OTA détient des dettes auprès de l’Autorité de régulation et est sommée d’honorer les salaires impayés des employés de Lacom (entreprise de téléphonie fixe), après sa liquidation. OTA est tenue, aussi, de répondre, selon M.Ouyahia, devant la justice des accusations portées, à son encontre, par la Banque d’Algérie, pour fraude dans les transferts de fonds en devises vers l’étranger. Naguib Sawiris a été explicite sur Al Arabya, en affirmant clairement qu’il ne compte nullement procéder au paiement de la totalité des redressements fiscaux et des dettes de Djezzy en Algérie.
Il n’a pas hésité également à expliquer au journaliste d’ Al Arabiya qu’il ne reconnaît aucunement le droit de préemption de l’Etat Algérien dans le dossier Djezzy. Le bras de fer continue donc entre OTH et le gouvernement algérien.