Les hauts-fourneaux d’El Hadjar ne s’arrêteront pas
«Notre voeu est que l’usine continue à fonctionner et que les employés conservent leurs postes d’emploi», disent les syndicalistes.
La déclaration de Ahmed Ouyahia, Premier ministre, a été reçue avec satisfaction par les métallurgistes du complexe sidérurgique d’El Hadjar. La tension qui prévalait chez les travailleurs de l’entreprise ArcelorMittal / Annaba, a baissé d’un cran laissant place à l’apaisement, après la déclaration du chef du gouvernement, qui, lors d’un point de presse, samedi dernier, et en réponse à une question sur la situation du complexe sidérurgique d’El Hadjar, avait fait savoir que «l’Etat ne lâcherait pas l’entreprise, encore moins les travailleurs…». «Le message a été reçu 5/5, et avec beaucoup de soulagement…», a fait savoir Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat d’ArcelorMittal, lors d’un entretien organisé dans le bureau du syndicat. Notre interlocuteur a ajouté qu’«à l’issue de la réunion tenue, hier, dimanche au siège du syndicat, il a été convenu que les travailleurs adhèrent à toutes les démarches entreprises par l’Etat…» Mais, le représentant des travailleurs n’a pas omis de manifester son étonnement concernant le blocage par la banque du projet de financement du plan d’investissement du complexe en question.
«Nous ne comprenons pas pourquoi l’institution financière impose un gage supplémentaire, bien que l’Etat ait donné des garanties…», une démarche qui a obligé la direction générale ArcelorMittal/ Annaba à réagir en fonction des données de la situation.
Le directeur général, M.Vincent Le Gouic, le staff technique et l’avocat de l’entreprise Annaba, ont procédé au dépôt de la déclaration de cessation de paiement auprès du tribunal compétent. Une mesure juridique inévitable, comme expliqué par M.Bouraï Abdelmadjid, président du comité de participation, présent lors de cette entretien. Par ailleurs, il est à noter que les porte-parole des travailleurs, bureau syndical de l’entreprise ArcelorMittal et comité de participation, ont affiché de bonnes dispositions, eu égard aux démarches de l’Etat, qui devrait sans l’ombre d’un doute, focaliser ses efforts dans l’intérêt des travailleurs, avec la préservation de leurs postes d’emploi et la poursuite des activités du complexe et, s’il y a lieu, la récupération du complexe. «En somme, nous, représentants des travailleurs, notre seul voeu est que l’usine somsimte à fonctionner et les employés conservent leurs postes d’emploi, mais dans tous les cas de figure, la décision revient à l’Etat» devaient dire les porte-parole des travailleurs de ArcelorMittal. S’étalant un peu plus sur ce dernier point, le président du comité de participation, Abdelmadjid Bouraï, devait expliquer: «Seul, Son Excellence, le président de la République est habilité à prendre les décisions adéquates pour débloquer les fonds nécessaires au lancement du plan d’investissement global…» Sur la question relative aux crédits, le représentant des travailleurs de l’entreprise de sidérurgie, Smaïn Kouadria, a reconnu que les banques algériennes sont prioritaires en matière de crédits… On ne comprend pas pourquoi on a recours à des banques qui accordent des crédits aux capitaux étrangers…», devait s’exclamer le syndicaliste. Avec un étonnement apparent, il a été même jusqu’à dire: «C’est une affaire dont les négociations se font au niveau gouvernemental, pour ne pas dire que cela dépasserait même le ministre de l’Industrie…» Des propos soutenus par le président du comité de participation «S’agissant des intérêts des travailleurs, nous devons les défendre ainsi que les entités de l’Etat, comme c’est le cas du complexe d’El Hadjar», soutient-il. Toutes les déclarations faites par les représentants des travailleurs défendent l’intérêt général. «Quand il s’agit de notre gagne-pain, on sort de notre réserve, mais on ne met pas le couteau à la gorge… On essaye de trouver une solution en tant que partenaires et non en tant que fauteurs de troubles…», dit-on. «Nous savons que des opportunistes et des manipulateurs attendent l’occasion pour semer la pagaille dans le complexe… mais le travail du syndicaliste a toujours été de s’allier avec le rang des sages…», dira Smaïn Kouadria, SG du syndicat d’entreprise ArcelorMittal. En outre, au moment où la situation est au statu quo, sous réserve que l’évolution de la crise ne débouche sur une fermeture inévitable, que les travailleurs attendent impatiemment le dénouement de la situation. Ils attendent une initiative des pouvoirs publics, portant sur le déblocage des fonds nécessaires au lancement du projet d’investissement global (qui devrait sans doute permettre, non seulement la sérénité de l’entreprise, mais surtout l’augmentation de la production et par conséquent, le paiement de la dette…) ou alors la récupération des actions de l’entreprise d’El Hadjar par l’Etat. Une éventualité qui n’est pas écartée par les analystes économiques. Pour l’heure, bien que la Banque extérieure d’Algérie exige des garanties supplémentaires pour débloquer les fonds au profit de l’investissement et bien que la déclaration du chef du gouvernement soit réconfortante, les représentants des travailleurs de l’entreprise ArcelorMittal affichent une certaine appréhension quant au dénouement immédiat de la crise. Néanmoins, ils demeurent très optimistes vis-à-vis des décisions du gouvernement.