Alors que Moubarak aurait apprécié l’initiative du leader libyen au nom de la Ligue arabe

Alors que Moubarak aurait apprécié l’initiative du leader libyen au nom de la Ligue arabe

Silence radio à Alger

Aucune voix officielle algérienne et par quelque canal que ce soit n’a annoncé ni s’est prononcée sur la l’initiative de médiation entre Alger et Le Caire, entreprise par le guide libyen Mouammar El-Gueddafi à la demande du secrétaire général de la Ligue arabe, l’Egyptien Amr Moussa.

De l’autre côté, et d’après l’agence officielle libyenne qui a annoncé avant-hier cette information, le raïs égyptien «Hosni Moubarak a remercié Mouammar Kadhafi et apprécié son initiative».

Selon certaines indiscrétions, c’est Hosni Moubarak lui-même qui, pour garder la face, aurait chargé «son compagnon et ami de toujours», son compatriote Amr Moussa, de solliciter au nom de la Ligue arabe le guide libyen pour une médiation entre les deux pays.

Le raïs égyptien se trouve en effet assis entre deux chaises. D’une part, une rue égyptienne chauffée à blanc par des médias, et de l’autre l’impératif de reprendre langue, même en catimini, avec Alger, un partenaire et un allié stratégique sur lequel il ne pourra absolument pas faire l’impasse, et en tout cas pas pour une banale histoire de football.

D’ailleurs, les prémices d’une volonté d’apaisement de la part de Moubarak sont apparues lors de sa réception avant-hier de la sélection égyptienne de football. Au cours de cette cérémonie, il a implicitement désavoué le tapage médiatique cairote et reconnu qu’il n’y avait pas eu agression d’Egyptiens par des Algériens en déclarant qu’il «aurait mis la terre sens dessus dessous si un Egyptien était réellement agressé».

Mais, malgré cela, l’excès de zèle et les provocations politiques se multiplient du côté des pyramides. L’Egypte a rappelé son ambassadeur à Alger depuis le lendemain du match de Khartoum et celui-ci n’a pas encore regagné son poste. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a indiqué que l’ambassadeur restera en Egypte jusqu’à nouvel ordre.

De violentes manifestations ont eu lieu devant notre ambassade au Caire et la résidence de notre ambassadeur a été violée et le drapeau algérien brûlé par des avocats égyptiens en furie. Les autorités égyptiennes ont décidé un boycott sportif, artistique et culturel total de l’Algérie. Des artistes égyptiens ont rendu les prix qu’ils ont reçus en Algérie.

Entre-temps, notre ambassadeur au Caire ne cesse de faire le va-et-vient entre le siège de notre ambassade et le ministère égyptien des Affaires étrangères à cause des multiples convocations dont il est l’objet.

L’Egypte officielle, par la voix de son Parlement notamment, exige des excuses officielles de la part du président Bouteflika… s’il vous plaît.

Pendant ce temps, le silence d’Alger après l’entreprise de médiation annoncée par El-Gueddafi pourrait être interprété d’abord comme une «froideur» d’Alger à l’égard du médiateur choisi qui, faut-il le rappeler, a souvent «irrité» Alger par sa troublante médiation dans le dossier des Touareg notamment.

Alger voudrait également affirmer qu’elle n’a rien à voir avec l’ébullition de la rue égyptienne et qu’elle n’a rien à se reprocher puisqu’elle n’a ni agressé ni les citoyens égyptiens, encore moins leur Etat. C’est plutôt le contraire qui est vrai.

Le monde entier a vu le sang de Halliche, de Lemouchia et autre Saïfi, agressés à coups de pierres au Caire alors que tout l’arsenal médiatique de guerre égyptien n’a pu immortaliser ne serait-ce qu’une seule image des soi-disant agressions de supporters algériens à l’encontre d’Egyptiens.

H. Mouhou