Après les printemps arabes, la révolution du Jasmin notamment, beaucoup d’observateurs ont estimé que la conjoncture est adéquate pour que le tourisme algérien redore son image et attire, sinon détourne les touristes de nos voisins de Tunis. Cependant, ces facteurs à eux seuls sont très insuffisants pour décider de l’impact des révolutions arabes sur notre tourisme. Pourtant, et d’après une information qui émane du département du Tourisme et rapportée sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, le ministère aurait déjà fait son bilan et conclut à «une hausse du nombre de touristes en Algérie durant 2011». Cette information a été appuyée par un reportage sur le tourisme dans la wilaya de Béchar qui selon le journaliste «bien que les infrastructures font défaut à cause d’un travail de restauration qui se fait dans cette région, les habitants de cette wilaya tachent de recevoir les touristes dans leur maison, pour combler le vide d’infrastructures». Bien que cela soit noble et hospitalier comme option d’attraction de touristes, il s’avère difficile d’imaginer des touristes qui partent passer leurs vacances dans le Sud, d’autant plus que la haute saison estivale a coïncidé cette année encore avec le mois sacré du ramadhan. De plus, les données concrètes et des détails sur la qualité des touristes (autochtones ou étrangers) ainsi que le pourcentage de la hausse ne sont pas disponibles sur le site officiel du ministère ni communiqués par les responsables de cette institution. D’autres statistiques provenant, par ailleurs, de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) sont inquiétantes. Même le Maroc qui n’a pas été secoué par la révolution et dont la réputation touristique dépasse de loin celle de l’Algérie, a enregistré «un recul dans le nombre global des nuitées touristiques de 12,8% au deuxième trimestre 2011, en glissement trimestriel, et une chute de 7,9% des arrivées des touristes au cours de la même période» d’après les données du Haut-Commissariat au plan (HCP). Selon la même source «l’activité touristique au Maroc a été ralentie au premier trimestre 2011, avec une légère augmentation de 0,4% dans les nuitées réalisées dans les établissements d’hébergement touristique classés». En conséquence, ajoute le HCP, «le taux d’occupation moyen des chambres a reculé de 2,8 points. Concernant les arrivées des touristes globales, elles ont fléchi de 0,8% au premier trimestre 2011, «pâtissant à la fois du recul des arrivées des Marocains résidant à l’étranger (- 0,4%) et des arrivées des touristes étrangers (-1,1%)». Malheureusement, de telles statistiques ne sont pas disponibles à propos de la tendance du nombre de touristes (locaux ou étrangers) en Algérie où contrairement aux professionnels qui se concentrent sur le tourisme local en bradant les prix, aucune baisse sensible n’a été constatée. Et «lancer» que le nombre de touristes a connu une hausse en 2011, cela ne pourrait que faire réfléchir sur «leur nombre» …En attendant plus de détails, il existe heureusement des choses qui se font à la faveur de ce secteur, comme la réhabilitation et la stratégie adoptée par le secteur qui est placé comme schéma à l’horizon 2030.
Yasmine Ayadi
