Alors que les ventes ne décollent pas: Le mouton de plus en plus cher

Alors que les ventes ne décollent pas: Le mouton de plus en plus cher

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Les vendeurs de moutons espèrent que les choses vont bouger durant ce dernier week-end avant l’Aïd.

«Arwahe khouya (viens mon frère), l’affaire est ici». C’est avec cet appel du pied que nous interpelle un vendeur de mouton sur la bretelle de Rouïba (banlieue est- d’Alger). On décide alors de s’arrêter pour ne pas rater cette affaire. Sauf qu’il semblerait que nous n’avons pas la même notion du mot «affaires». Les moutons ont flambé avant même le traditionnel barbecue de l’Aïd. La moyenne des prix se situe autour des 55.000 dinars. Le mouton le moins cher, enfin un petit agneau, est à 45.000 dinars. Le mouton moyen, lui, se situe autour des 60.000 dinars. «Ce sont de bons prix», soutient Ghiles, père de famille qui avoue avoir fait le tour des vendeurs de la capitale. «Chez les autres vendeurs que j’ai visités, le prix du mouton moyen tourne autour des 65-70 dinars», rapporte-t-il. Est-ce donc une bonne affaire? «Oui, oui», répond-il en riant. «Il semblerait que vous êtes encore figés sur les prix de l’an dernier. Mais cela a changé, il faut compter 15.000 à 20.000 dinars de plus…», poursuit-il d’un air des plus désespérés. Effectivement.

Après une petite balade dans le marché d’Alger on constate que Ghilès disait vrai! Les moutons se sont vu pousser des ailles.

Leurs prix se sont envolés. Ils ont atteint des niveaux record. Certains sont même montés jusqu’à 160 000 dinars. «Aatawe (ils ont proposé ce prix), on n’est pas très loin de son prix de vente», précise fièrement un maquignon rencontré du côté de Bouchaoui (banlieue ouest d’Alger). Les prix sont donc inabordables, certains citoyens se sacrifient en cédant devant la tentation de l’achat, mais la plupart ont choisi de boycotter, ou plutôt de faire semblant de boycotter. Comme c’est le cas de Karim. «J’attends la dernière minute dans l’espoir que les prix baissent. C’est un coup de poker, soit ça baisse, soit ça monte. Mais je pense qu’au final, j’achèterai mon mouton quoiqu’il en coûtera», souligne ce fonctionnaire. Il est vrai que les points de vente de moutons ne grouillent pas de monde comme les années précédentes. «Il n’y a ni acheteur, ni même curieux», rétorque Aâmi Brahim, maquignon venu de Djelfa écoulé sa marchandise, mais qui regrette d’avoir fait le déplacement. «D’habitude à cette période, j’ai presque tout écoulé, là je n’ai pratiquement rien vendu. J’aurais dû rester chez moi», poursuit-il en espérant que les choses vont bouger durant ce dernier week-end avant l’Aïd.

Toutefois, malgré le fait que les ventes n’arrivent pas à décoller, les prix restent élevés. Ce qui a poussé certains à boycotter l’Aïd et non faire semblant! «Il n’est pas question que je paye un mouton à ces prix qui frôlent l’indécence», soutient Sofiane, cadre dans une entreprise étrangère. «C’est vraiment exagéré.

En plus, on n’est même pas sûr que ce mouton qui va nous coûter les yeux de la tète ne finisse pas à la poubelle avec la fièvre aphteuse ou le phénomène de la viande bleue», lance-t-il avec colère. «Je préfère donc acheter de la viande directement chez le boucher, je choisis mes morceaux, je réserve une part pour la sadaka (l’aumône) et je ne me ruine pas pour un mouton…», réplique-t-il avec détermination. Celle de couper l’herbe sous le pied des spéculateurs. On est donc à trois jours de cette fête religieuse, et le mouton n’a pas encore fini de faire parler de lui…