«Les Russes nous ont prévenus qu’ils allaient commencer leurs frappes», a indiqué ce responsable de la défense américain. De son côté, le chef de l’administration présidentielle russe Sergueï Ivanov a annoncé hier que le président syrien Bachar Al Assad a demandé à la Russie de lui fournir une aide militaire pour lutter contre Daech, Quelques heures auparavant, le parquet de Paris avait ouvert une enquête contre Bachar
Al Assad pour crimes de guerre. En effet, le principe de prioriser la lutte contre Daech dans le conflit syrien commençait à se dessiner, que ce soit auprès de Washington, de Londres, de l’Allemagne et de l’Iran. L’annonce du lancement de cette enquête contre Bachar Al Assad pour crimes de guerre commis en Syrie entre 2011 et 2013 ne va-t-elle pas changer la donne dans les décisions et positions des alliés de la coalition internationale.
En fait, l’enquête est basée sur le témoignage d’un individu appelé «César». Ce personnage, photographe au sein de la police militaire syrienne, aurait emporté avec lui 55 000 photographies de corps torturés, lors de sa fuite de Syrie en juillet 2013. Le parquet de Paris a ouvert le 15 septembre, suite à un signalement du Quai d’Orsay, une enquête préliminaire pour «crime de guerre» commis en Syrie entre 2011 et 2013, selon l’AFP, qui signale qu’une source diplomatique a confirmé l’information.
La présence de Français ou de Franco-Syriens parmi les victimes justifie que le fait que la justice française se saisisse du dossier. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé qu’il est de la responsabilité de la France d’agir contre les assassins.
«Face à ces crimes qui heurtent la conscience humaine, à cette bureaucratie de l’horreur, face à cette négation des valeurs d’humanité, il est de notre responsabilité d’agir contre l’impunité de ces assassins», a-t-il affirmé. Il faut rappeler dans ce sens que de nombreux djihadistes européens, dont plus de 400 Français, ont rejoint l’organisation terroriste Daech que ce soit en Syrie ou en Irak. Pourtant, un consensus s’opère autour de la nécessité de concentrer les efforts militaires dans la lutte contre Daech.
Washington change de cap
Washington a opéré hier un changement dans sa position politique vis-à-vis de la Syrie. Les USA n’exigent plus la démission immédiate du président syrien mais évoquent plutôt une «transition ordonnée».
Dans ce sens, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a déclaré, dans une interview à la chaîne de télévision CNN, que les Etats-Unis ont changé d’avis sur l’exigence du départ de Bachar Al Assad. «Nous avons changé ça (la nécessité du départ d’Assad, ndlr). Au bout d’un certain temps, nous nous sommes dits : «Ça ne marche pas.» Il est indispensable d’effectuer une transition ordonnée, contrôlée afin d’exclure les risques de revanchisme, de pertes, de vengeance», a précisé Kerry.
Le secrétaire d’Etat américain craint «un vide, une implosion «en Syrie si Bachar Al Assad ne tenait plus les rênes du pays. Il rejoint ainsi l’avis de Poutine sur les conséquences d’un départ précipité d’Al Assad. Dans le même ordre d’idées, les Américains ont décidé de communiquer avec les Russes sur le volet militaire. Ashton Carter, le chef du Pentagone, a annoncé mardi l’établissement de lignes de communication entre militaires américains et russes dans le but d’éviter tout incident en Syrie.
Le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a justifié, lors d’un point de presse, cette annonce par la priorité accordée à la sécurité des pilotes de la coalition. «La sécurité des pilotes de la coalition est extrêmement importante pour nous. Nous ne devons pas avoir d’erreurs de calcul ou de jugement. Nous ne voulons pas qu’il y ait un accident», a souligné Peter Cook.
Des armes de destruction massive chez les terroristes
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au règlement des conflits, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a déclaré que Daech, en Syrie et en Irak, est en possession d’éléments d’armes de destruction massive. Sergueï Lavrov a estimé que la situation au Proche-Orient est telle que la carte politique de la région risque d’être fondamentalement transformée.
«La Russie, les USA, l’Iran, l’Arabie saoudite, la Turquie, l’UE et la Chine doivent accompagner le processus politique en Syrie, une telle composition peut aider les Syriens à s’entendre», a-t-il indiqué. Au siège des Nations unies, la Russie devait proposer hier au Conseil de sécurité un projet de résolution sur la «lutte contre le terrorisme», selon Mikhaïl
Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, cité par l’agence russe Ria Novosti.
Pour rappel, la Russie a approuvé hier l’usage des forces armées en Syrie. La chambre haute du Parlement russe a autorisé hier l’usage éventuel des forces armées russes à l’étranger. Sur le terrain, en Syrie, le responsable d’une ONG a déclaré, hier, que 30 djihadistes ont été tués dans le premier raid français contre Daech.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), a affirmé à l’AFP que 30 djihadistes de Daech, dont 12 enfants soldats, appelés «Lionceaux du califat» ont péri dans le raid aérien qui ciblait un camp d’entraînement de Daech dans l’est de la Syrie.
Enfin, Washington a fait savoir mardi qu’il va cibler les sources de financement de Daech : la vente de pétrole et d’antiquités. Le département d’Etat promet une récompense d’un montant de 5 millions de dollars à la personne qui apportera des informations dans ce sens.