Le Sahel est assis sur une poudrière
«La position algérienne sur la gestion de la crise malienne est limpide et ne souffre d’aucune ambiguïté», a précisé Amar Belani.
La délégation du groupe islamiste malien ne Ansar Eddine, l’une des parties impliquées dans la crise au nord du Mali, est à Alger pour discuter avec les autorités algériennes.
Cette délégation, qui discutait depuis début novembre à Ouagadougou avec les autorités du Burkina Faso, est arrivée dans la nuit de samedi à dimanche en Algérie, un pays médiateur depuis de longue date dans la crise au Mali. «Nous quittons Ouagadougou pour discuter à Alger avec les autorités algériennes», a déclaré, à la presse, peu avant le départ, Algabass Ag Intalla, chef de la délégation d’Ansar Eddine, l’un des groupes islamistes, occupant depuis avril le nord du Mali. Après les discussions avec la médiation conduite par le président burkinabé Blaise Compaoré au nom de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), tandis que d’autres représentants se rendaient en Algérie.
Notons, également, que le chef de la diplomatie burkinabée, Djibril Bassolé, a remis au président malien de transition, Dioncounda Traoré, une lettre de M.Compaoré sur ses discussions avec la délégation d’Ansar Eddine concernant la crise au nord du Mali. Signalons aussi que Ansar Eddine a fait depuis Ouagadougou d’importantes concessions.
Ainsi, il a annoncé de renoncer à appliquer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, sauf dans son fief de Kidal (nord-est). Mais, il s’est proposé aussi d’aider à débarrasser le nord malien du «terrorisme», qu’il a formellement condamné.
Ce faisant, il a également renoué avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla). Pour rappel, ces progrès ont été enregistrés alors que se prépare une force armée internationale – composée de soldats africains et soutenue par les Occidentaux.
De leur côté, les autorités maliennes ayant annoncé d’ouvrir à partir d’aujourd’hui, à Bamako, le dialogue pour une sortie de crise au nord ont fait savoir dans un communiqué rendu public que «les rencontres nationales de concertations» sont reportées pour les 10, 11, et 12 décembre.
«Les journées nationales de concertations sont reportées les 10, 11, et 12 décembre», a précisé un communiqué officiel de Bamako. Néanmoins, il faut noter que plusieurs partis politiques et associations du Mali ont constitué des regroupements et ont annoncé récemment leur décision de boycotter cette rencontre. Et pour cause, ils ont soutenu ardemment que cette rencontre est souhaitée par les partenaires étrangers du Mali. «Je suis satisfait du report. Avant la conférence, il fallait des termes de référence très clairs, et éviter une tentative de récupération politique de l’événement», a souligné hier, dans une déclaration à la presse, Moussa Diarra, membre du Front pour la démocratie et la République (FDR), l’une des principales coalitions politiques du Mali. Ainsi, Tiébilé Dramé est le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena) et Premier vice-président de la coalition pour le Mali. Il est l’une des figures de l’opposition au Mali à avoir dénoncé dans un entretien «l’ambiguïté d’Alger concernant la crise malienne».
Une dénonciation qui n’est pas passée inaperçue et ce, du fait de la réplique du porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien, Amar Belani, qui a catégoriquement soutenu qu’Alger a toujours été claire et précise concernant ses positions vis-à-vis de la crise malienne.
Joint par nos soins, Amar Belani, qui répond à Tiébilé Dramé, Premier vice-président de la Coalition, a précisé que «depuis l’éruption de cette crise, nous ne cessons de marteler, dans toutes les enceintes régionales et internationales, que la souveraineté et l’intégrité territoriales du Mali ne sont pas négociables», avant de renchérir que l’Algérie ne rate pas une seule occasion de souligner notre très ferme attachement à l’unité et à l’intégrité territoriales de ce pays frère et voisin. Et de poursuivre: «La position algérienne sur la gestion de la crise malienne est limpide et ne souffre aucune ambiguïté.» Dans le même sillage, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien a tenu à préciser que: «Jeter le doute sur la sincérité de la position officielle algérienne sur l’intégrité du Mali, c’est faire un mauvais procès à l’Algérie.»
Enfin, Amar Belani a fait savoir que l’Algérie attend cependant la tenue des assises nationales afin de doter le pays d’une feuille de route comportant un échéancier électoral et mettre sur pied la structure nationale chargée d’engager un dialogue inclusif avec les représentants des populations du nord du Mali.
Des parties, bien entendu, qui renoncent, sans ambiguïté, au terrorisme et au séparatisme et qui ont des revendications légitimes à faire valoir par des moyens exclusivement pacifiques.