Alors que les projets de réformes ont été adoptés, Le FFS renonce-t-il à la Constituante ?

Alors que les projets de réformes ont été adoptés, Le FFS renonce-t-il à la Constituante ?

Au moment où le chef de l’Etat a coupé court à toutes les spéculations autour des réformes qu’il a initiées, des voix s’élèvent pour revoir la démarche réformatrice engagée dans la foulée des révolutions qui ont secoué le monde arabe.

Le Front des forces socialises (FFS) revient à la charge, cette fois-ci, non pour demander l’élection d’une Assemblée constituante, mais pour la révision de la loi fondamentale de la République, la Constitution en l’occurrence. Le FFS qui faisait de la constituante son cheval de bataille, se voit aujourd’hui un défenseur de la révision de la Constitution.

Changement de stratégie ou bien une simple défaite, puisque l’idée de l’Assemblée constituante, décriée de toutes parts, peine à trouver des adeptes ? Le plus vieux parti d’opposition en Algérie ne nous explique pas plus. Une chose est sûre, le FFS n’abandonne jamais l’idée de la constituante.

Ce changement de cap trouve toute son explication dans le contexte politique actuel caractérisé par l’approche des prochaines législatives. L’idée d’une Assemblée constituante étant pratiquement écartée, notamment après le discours «silencieux» de Bouteflika à Laghouat, le FFS s’accommode, en fait, de la conjoncture actuelle.

Invité à l’émission «Tiaadh lkhmis» (Forum de jeudi), de la Radio nationale, Chaîne II, Smaïl Keceli, membre du conseil national et ancien maire de Yakouren, a affirmé que son parti «souhaite la tenue d’une constituante». Celle-ci, dit-il, «ne va pas remettre en cause les acquis démocratiques du peuple algérien». Au contraire, «elle lui permettra de souffler encore plus de liberté».

«En Tunisie, cette Assemblée a effacé la dictature de Ben Ali», argumente-t-il. Pour le FFS, «il est temps de donner naissance à une deuxième République en Algérie». Cela passe inévitablement par la révision de la Constitution avant tout projet de loi organique. «Le paradoxe dans la démarche du président, c’est qu’on a commencé par la promulgation des textes de loi sans toucher à la constitution.

Il serait judicieux de commencer par la révision de la Constitution qui est la source de toutes les lois avant d’entamer la confection des projets de loi organiques. C’est comme si on mettait la charrue avant les bœufs», a soutenu l’ancien président de l’APW de Tizi-Ouzou, ajoutant que «le choix fait par le régime est une manière de contourner une véritable Constitution».

L’invité de la Radio nationale n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer les réformes politiques en cours, plébiscitées et soutenues par le binome FLN-RND. «Tous les projets de loi adoptés au Parlement ont été décriés, n’empêche que les deux partis de l’Alliance ont fait leur forcing pour les faire passer. Ces réformes ne sont qu’un ravalement de façade, puisque nous n’avons entendu personnes ni les universitaires ni les femmes ni les journalistes», dit-il.

Le représentant du FFS n’a pas ménagé les partis politiques qui constituent l’Alliance présidentielle y compris le MSP qui est en passe de devenir un parti «d’opposition». «Ce que je ne comprends pas, c’est que le président a décidé d’engager des réformes à travers des moutures examinées à l’APN. Les partis de l’Alliance, qui jadis n’ont que le programme du président à appliquer, n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les projets de loi», souligne-t-il, estimant que «le fait d’évoquer le mot réformes à maintes reprises est un aveu d’un échec du système actuel»

Interrogé sur la participation du FFS aux prochaines législatives, l’orateur a indiqué que le président du parti, Hocine Aït Ahmed, a convoqué une «convention nationale» pour décider de cette question. S’agissant du changement intervenu récemment à la formation d’Aït Ahmed, notamment avec le retour des ténors du parti, Smaïl Keceli a affirmé que cela «répond à une logique et un principe de démocratie, à savoir l’alternance». L’orateur a tenu à souligner que Karim Tabbou, l’ex-premier secrétaire national du FFS, «n’a pas été écarté du parti».

Hocine Larabi