Le secteur de l’immobilier en Algérie connaît une véritable crise. L’Etat a consenti de grands efforts dans le but d’atténuer cette situation, mais le problème du manque de logements persiste.
Si sept millions de logements existent dans le pays, 1,2 million d’entre eux sont fermés et ne sont pas exploités par leurs propriétaires qui, eux, détiennent d’autres biens.
Quant au prix de l’immobilier, il a augmenté de 500 % entre 2003 et 2013. Le temps est-il venu pour de nouvelles lois afin de mieux organiser le secteur ? Tel est, en tout cas, le souhait de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI), à sa tête Abdelhakim Aouidet, président élu en 2006. Organisée par l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), une conférence de presse a été animée hier à Alger pour débattre la problématique du secteur de l’immobilier en Algérie, et ce avec la participation de spécialistes, dont notamment le président de la FNAI, Abdelhakim Aouidet.
D’emblée, le représentant de la Fédération nationale des agences immobilières a révélé qu’en Algérie plus de 1,2 million de logements sont fermés et inexploités par leurs propriétaires, ce qui a beaucoup contribué à la hausse des prix de l’immobilier qui a connu une augmentation vertigineuse entre 2003 et 2013, de l’ordre de 500 %. «Le prix du logement a connu une augmentation terrible ces dix dernières années. Cette augmentation a atteint les 500 % durant cette période. En 2003 et avant le séisme de Boumerdès, le prix d’un logement à Garidi, par exemple, était de 300 millions de centimes, alors qu’aujourd’hui il est de 1,5 milliard de centimes.

C’est juste un petit exemple que je voudrais dévoiler afin que les Algériens arrivent à prendre conscience de la hausse vertigineuse qui a frappé le secteur de l’immobilier», explique le représentant de la FNAI. Quelles en sont les raisons ? Pour le président Abdelhakim Aouidet, il existe plusieurs facteurs qui ont aggravé les prix de l’immobilier en Algérie, à commencer par l’infiltration d’intermédiaires, qualifiés de «parasites», qui ont réussi à affecter l’immobilier en Algérie via le blanchiment d’argent, et ce suite à des transactions douteuses, soutient- il. «Aujourd’hui, 80 % des transactions dans le secteur immobilier sont le fait de parties parasitaires qui arrivent à blanchir de grosses sommes d’argent, échappent au contrôle de l’Etat et des agences immobilières. C’est une situation grave qui affecte, surtout, l’économie nationale.
Quant aux agences immobilières, elles contrôlent uniquement 20 % des transactions immobilières en Algérie», révèle-t-il. Et d’ajouter : «Nous sommes devant une situation très dangereuse. Je vais vous citer un autre exemple.
Aujourd’hui, plusieurs locaux commerciaux qui ne sont pas exploités, c’est-à-dire fermés, sont devenus des lieux maffieux où plusieurs réseaux de malfaiteurs arrivent à mener des activités criminelles, comme la falsification de documents officiels, le trafic de faux billets de banque. Il faut que l’Etat soit conscient du degré de la gravité de la situation. Il faut que le secteur soit réorganisé avec l’implication des spécialistes du secteur, non pas d’intermédiaires douteux à des fins pécuniaires ».
Le président de la FNAI a estimé, devant la presse, que le moment est venu pour donner un nouveau souffle au secteur de l’immobilier. Selon lui, il faut que le secteur devienne professionnel, que les transactions immobilières soient faites par les agences immobilières et non pas par des inconnus, que plus de prérogatives soient données aux agents immobiliers qui eux seuls peuvent évaluer les biens mis à la vente ou à la location. «Aujourd’hui, il est grand temps que les évaluateurs de biens soient mobilisés pour réorganiser le marché de l’immobilier en Algérie.
Cela permettra d’éviter les transactions douteuses, de chasser les parties parasitaires qui ne connaissent pas le secteur et qui sont des spéculateurs et des opportunistes et, surtout, d’éviter que des criminels parviennent à blanchir leur argent dans l’immobilier», a évoqué comme solutions le président de la FNAI.
Les prix des locaux commerciaux ont augmenté de 300 % en 10 ans
Abdelhakim Aouidet a révélé que le prix d’un local commercial a triplé en dix ans (entre 2003 et 2013). «A l’exemple, le prix d’un local commercial de 30 mètres carrés à louer à Kouba avoisinait 18 000 DA en 2003, alors qu’il est de 54 000 DA actuellement. Il y a une grande différence dans les tarifs de la location.
Cela est dû à plusieurs facteurs, à commencer par la dévaluation du dinar algérien, la multiplication des intervenants qui, parfois, sont à dix lors d’une seule transaction. Vous savez que chaque local à ses spécificités, notamment son emplacement qui est très important, sa rentabilité et sa superficie. C’est à partir de là qu’on peut imaginer son prix de location et sa rentabilité à moyen ou long terme», explique le président de la FNAI.
Le chiffre d’affaires des agences immobilières a régressé de 80 %
De plus en plus enfoncées, les Agences immobilières en Algérie sont dans une impasse, selon Abdelhakim Aouidet qui chapeaute en tant que président de la FNAI quelque 3 000 agences à travers 35 wilayas du pays.
Tout en étant membre de la Commission d’agrément au niveau du ministère de l’Habitat, il a expliqué que le chiffre d’affaires des Agences immobilières a régressé de 80 % en 2013, ce qui veut dire que l’activité des agences va de mal en pis. «Les agences immobilières activent dans un climat tendu, avec grande difficulté. L’émergence des intermédiaires et des spéculateurs dans le secteur a poussé bon nombre d’agences à changer d’activité…», a-t-il ajouté lors de cette conférence de presse.
Les agences immobilières non agréées seront fermées
Lors de son intervention, le président de la FNAI a indiqué que chaque agence immobilière est soumise à des contrôles et à des lois qui doivent êtres respectées à la lettre. Selon le président de la FNAI, «les agences immobilières qui n’ont pas présenté leurs dossiers pour avoir un agrément auprès du ministère de l’Habitat avaient pour délai le 31 décembre 2013. Dépassé cette date butoir, les agences qui n’ont pas entamé cette procédure sont considérées comme activant sans agrément. Elles seront donc poursuivies en justice. Aujourd’hui, 3 000 agences immobilières sont soumises à des contrôles. La tutelle a décidé de réorganiser le secteur, et cela a toujours été notre combat», a-t-il conclu.
S. Abi