En cette période de l’année, nombreux sont les citoyens qui n’ont pas assez de temps pour aller écouter des candidats.
Le représentant de la Haute Instance (HIise) indépendante de surveillances des élections (Hise) a annoncé sur les ondes de Radio Tizi Ouzou que 80% des meetings et rencontres ont été annulés par les partis et candidats en lice pour les élections locales dans la wilaya de Tizi Ouzou. Cette affirmation indique si besoin est que la population n’est guère sur la même longueur d’onde que la classe politique locale. Rares sont les candidats qui parviennent à accrocher, mais il en existe tout de même. Bien heureusement d’ailleurs.
En fait, en cette période de l’année, nombreux sont les citoyens qui n’ont pas assez de temps pour aller écouter des candidats qui n’ont pas grand-chose à dire étant donné que les attentes ont été exprimées depuis deux décennies. Sans évoquer les causes qui ont engendré les taux élevés d’abstention, il y a lieu de signaler d’autres raisons moins évidentes, mais plus concrètes et réelles. Ce sont les citoyens qui les expriment par eux-mêmes.
En ces jours de début d’automne, les citoyens sont plus préoccupés par les travaux des champs qu’autre chose. «Ce ne sont pas les candidats qui viendront élaguer mes oliviers et enlever les ronces qui les entourent. Je n’ai pas de temps à leur consacrer», affirme tout de go un père de famille. Même si quelques meetings se tiennent dans les chefs-lieux, il est clair que dans les villages, les passages en cortèges des candidats n’intéressent plus grand-monde. «Ce n’est plus comme avant, à présent, les places des villages sont quasiment vides à notre passage. Avant, l’on trouvait une foule qui nous attendait souvent pour nous critiquer, mais il y avait du monde à qui parler. Maintenant, il n’y en a plus» reconnaît un élu qui revient pour décrocher un autre mandat.
En fait, plusieurs causes convergent pour cette situation. Aujourd’hui, le villageois qui n’a jamais revu «un élu une fois élu» ne compte plus sur personne. A part le bon Dieu et ses bras. «Oui, j’ai longtemps écouté ces gens parler ici à Tajmaât. Mais ils n’ont jamais tenu leurs promesses. Bien au contraire, ce dernier mandat, ils n’ont travaillé que pour leurs valets » placés parmi les villageois tels des indicateurs au temps de la SAS. Ils les ont achetés avec des buses et des promesses d’aide à l’habitat rural», affirme un jeune d’Agouni Oufeqqous. D’autres citoyens qui s’apprêtent à se lancer dans la campagne de récolte des olives affirment que les travaux dans les champs ne leur laissent aucun instant pour venir écouter les candidats. «Je suis dans les champs dès les premières heures de la journée. Je ne peux pas venir au meeting même si je veux bien. Si c’était à une autre période que le mois de novembre, je serais venu pour passer le temps. Mais là je n’ai aucune minute à leur consacrer. D’ailleurs, eux aussi n’auront plus aucune minute pour nous après les élections», dit un autre citoyen. D’ailleurs, un fait éloquent est en train de se dérouler. Cette campagne met au grand- jour, l’absence de crédibilité de beaucoup d’élus. Une crédibilité perdue lors des précédents mandats. Les candidats indépendants sont plus écoutés que les candidats des partis. «J’aimerais bien qu’on donne une chance à ces candidats qui n’ont pas de partis. Nous avons donné leur chance à ces derniers et vous voyez bien ce qu’ils ont fait», préconise un autre jeune à Tizi Ouzou. «Depuis plusieurs années, j’ai tenté d’avoir des orientations auprès des élus de ma commune sur l’exploitation de la retenue collinaire proche de mes terres, mais le maire n’a jamais daigné me recevoir. Je n’ai pas pu travailler dans l’agriculture, car la piste agricole n’a jamais été fonctionnelle à cause de l’abandon dont elle est l’objet. Et maintenant, il ose revenir montrer son visage», fulmine un agriculteur de Boudjima. «Depuis le règne de ces assemblées, l’agriculture ne s’est jamais bien portée. Les élus dans leur majorité n’ont jamais accordé de l’intérêt au monde rural bien que toutes les communes soient rurales à Tizi Ouzou», juge un autre villageois. En effet, les communes rurales sont toujours restées pauvres sans que les élus ne pensent un jour faire au moins une réflexion sur leur développement. C’est d’ailleurs le principal reproche que font les villageois à tous les élus. «Dès qu’ils sont élus, ils ne pensent qu’aux chefs-lieux. Ils oublient les villages. D’ailleurs, voyez vous-mêmes. L’Internet c’est au chef-lieu, le gaz c’est au chef-lieu. Ils commencent toujours par le chef-lieu. Disons que ce ne sont pas nos maires, mais ceux des chefs-lieux. Qu’ils viennent nous chercher dans nos champs», affirme un jeune.