Le directeur de la Planification et du suivi budgétaire (ex-DPAT) de la wilaya, vient d’annoncer qu’un programme de réalisation de quatorze (14) marchés couverts, de fruits et légumes de proximité, sera lancé prochainement dans plusieurs gglomérations oranaises.
Cette opération qui a mobilisé un crédit de 380 millions de DA puisé dans le budget de la wilaya (220 millions de DA) et celui des plans communaux de développement (160 millions de DA), a pour but de permettre aux professionnels l’exercice de leurs activités dans de meilleures conditions, a précisé M. Mohamed Seghier.
La réalisation de ces structures de proximité est prévue, notamment à la future zone d’habitation et la cité AADL (Bir El Djir), El Barki (Oran), El Karma et Sidi Chahmi (Es Sénia), Ain Bia, Boutlélis, hai Mohamed Ghriss à Ain Turck et El Braya à Oued Tlélat. Selon le directeur de wilaya, ces marchés couverts seront érigés en structures légères, et doivent impérativement intégrer l’environnement du site et être en cohérence urbaine.
Si ces déclarations sont de nature à susciter la joie des habitants des sites évoqués, la réalité est tout autre. En effet, ce genre de promesses est galvaudé et usé jusqu’à la corde. La réalité du terrain a prouvé que le problème ne résidait pas dans la construction d’infrastructures de ce genre, mais dans la lutte contre le commerce informel tentaculaire et le problème de régulation.
Ce sont là, en effet, les véritables problèmes qui gangrènent la situation de la distribution, conjuguées au laxisme des responsables qui font le dos rond, en cette période particulièrement cruciale où se joue la stabilité du pays.
Conscients de cet équilibre de force, qui est à leur avantage, les commerçants défient l’autorité en radiant, pour certains, leur registre de commerce, tout en continuant à pratiquer dans les mêmes locaux, et pour d’autres à s’implanter sur la voie publique à doses homéopathiques, avant de s’installer, carrément.
Ainsi, des vendeurs à la sauvette se sont installés avec armes et bagages à Dar Beida, sur l’avenue principale, à Es Sénia, au centre-ville, dans tous les ronds-points pratiquement et partout où des citoyens trouvent leur compte, en évitant l’encombrement de la situation.
A Es Sénia, par exemple, et bien que le marché du 17 Octobre soit exiguë, les marchands ont déserté les box pour squatter toute la rue. Au début, une partie du trottoir seulement l’était, mais aujourd’hui, bien malin est celui qui ose s’y aventurer, ne serait-ce qu’à moto. Cette situation n’a qu’une explication au lieu de ces milliers de jeunes qui pensent régler le problème du chômage, en s’installant à leur compte : la faiblesse des pouvoirs publics qui a valeur de déliquescence des institutions de l’Etat.
En l’absence d’instructions claires, policiers et gendarmes cautionnent cet état de fait en venant faire leurs emplettes dans ces lieux illicites. Pour illustrer ce refus de la loi qui est foulée aux pieds, nous citerons l’exemple des halles centrales que les mandataires refusent de quitter, alors que les deux organisations syndicales, l’UGCAA et l’UCAO se font une guéguerre stérile qui ne sert qu’à asseoir une autorité factice.
Dans cet ordre d’idée, il vaut mieux appliquer l’un des principes du judo : faute de lutter contre un adversaire plus fort mais moins technicien, il vaut mieux utiliser sa force pour le battre.
Dans cette optique, au lieu de jeter de l’argent par les fenêtres en gaspillant des milliards qui ne serviront qu’à enrichir des entrepreneurs véreux, et perpétuer une corruption devenue banalisée, le cas des locaux commerciaux est là pour le prouver, il serait judicieux de régulariser les commerçants informels, en leur faisant payer des taxes forfaitaires, les recenser, les parquer dans des endroits indiqués qui les arrangent et arrangent les consommateurs, certes, mais surtout en montrant l’autorité de l’Etat en leur faisant obligation de construire des box uniformes, propres et qui s’intègrent dans le paysage.
Ce ne sera qu’à ce prix que l’on pourra chasser tous ces intrus qui posent des baraques dans des cités neuves, clochardisant la future métropole méditerranéenne avec la bénédiction de tous, y compris ceux qui clament haut et fort des bilans élogieux que contredit l’état de la cité, en dépit d’une amélioration avérée, mais très insuffisante en regard des centaines de milliards injectés. Quand à légitimer la construction de ces 14 marchés, par la création d’un millier d’emplois, personne ne croit plus à ce genre, sauf ceux qui veulent agrémenter un bilan, et justifier des dépenses.
Hakim Djaziri