Alors que les démocrates exigent plus de liberté pour la femme, Les islamistes accusent: « C’est l’islam qui est visé! »

Alors que les démocrates exigent plus de liberté pour la femme,  Les islamistes accusent: « C’est l’islam qui est visé! »

L’amendement du Code pénal qui prévoit une pénalisation de la violence exercée à l’encontre des femmes suscite une immense levée de boucliers, parmi les islamistes notamment.

Les ouléma algériens ont foncièrement critiqué l’amendement du Code pénal qui a été effectué récemment et qui vise à protéger la femme de la violence exercée contre elle en pénalisant cet acte. Abderrezak Guessoum, président de cette association créée au début du siècle dernier par Abdelhamid Ibn Badis, dénonce avec vigueur le fait que cette loi soit faite sans qu’il y ait eu de débat général au préalable. M.Guessoum a, dans ce sillage, appelé à la réouverture du débat sur la question mais non plus sous la houlette de représentants du peuple mais «sous la direction d’une instance religieuse qui serait ouverte à l’association des ouléma algériens, au Haut Conseil islamique, aux imams, aux fuqahas».

Il a justifié son appel à réviser cette loi par le fait qu’elle inciterait, selon lui, «les femmes à se rebeller contre leur père, leur frère et leur mari, ce qui est contradictoire avec les valeurs de l’islam et de la famille algérienne qui se trouve ainsi menacée de dislocation». Il a également dit que celle loi encourage les femmes à rompre les liens conjugaux sous couvert des droits».

Le président des ouléma algériens, poussant son cynisme plus loin, a par ailleurs fait savoir que ladite loi ne vise pas à protéger la femme mais à éloigner la famille algérienne des préceptes de l’islam. «C’est l’islam qui est visé», tranche-t-il en substance.

Pour rappel, depuis son adoption par le Parlement, la loi portant protection des femmes, de la violence exercée à leur encontre a fait couler beaucoup d’encre dans les milieux médiatiques comme dans les millieux politiques. Si certains ont affiché leur satisfaction, d’autres n’arrêtent pas de s’agiter pour exiger une réouverture du débat sur la question.

Pour les féministes, il s’agit d’être plus radical en supprimant, par exemple, la mesure portant sur le recours au «pardon». Pour les islamistes, il est question de faire marche arrière, car, selon eux, la famille algérienne est mise en péril par cette loi.

En effet, Djelloul Hadjimi, secrétaire général de la Coordination nationale des imams, a, lui, déclaré que la loi pénalisant la violence contre les femmes «a dépassé les lignes rouges et elle est en totale contradiction avec la Constitution qui stipule que l’islam est religion de l’Etat». Il fait savoir aussi, a t-il expliqué, que «l’intégrité familiale étant une des constantes de l’Etat algérien, les politiques doivent s’en éloigner et ne pas en faire un enjeu politique». Répondant par ailleurs à ceux qui appellent à la révision de la loi relative à l’héritage, Djelloul Hadjimi a dit que «l’article 2 de la Constitution qui est le fruit de plusieurs années de lutte, notamment depuis la guerre de Libération nationale qui visait à construire une République démocratique et sociale dans le cadre des principes islamiques, est sacré».

La question de la violence à l’encontre des femmes qui a toujours été ce mal dont personne n’osait parler est à ce point sensible pour les islamistes qui, sous couvert de considérations religieuses et de protection de l’intégrité familiale, s’en offusquent.

Les féministes et les milieux démocrates revendiquent plus de liberté pour la femme. Décidément, le débat sur la question ne fait que commencer.