Alors que l’élection du 4 juillet semble compromise : Quelle issue pour le Conseil constitutionnel ?

Alors que l’élection du 4 juillet semble compromise : Quelle issue pour le Conseil constitutionnel ?

À quelques jours de la clôture de l’opération de dépôt des dossiers de candidature à la présidentielle prévue le 4 juillet prochain, l’ambiance pré-électorale en prévalence trahit toute possible avancée de sa tenue. Le tout, dans une dynamique populaire et citoyenne qui annihile toute initiative ou action des tenants du pouvoir en place.

Alors que la semaine promet d’être chaude pour le mouvement populaire pacifique, qui s’apprête à célébrer aujourd’hui la Journée nationale de l’Étudiant, sans oublier les traditionnelles journées de mardi et vendredi, l’approche de la date buttoir (23 mai) pour le dépôt promet de rajouter l’huile sur le feu. Cet état de fait nous pousse à s’interroger quant aux alternatives que devra prendre le pouvoir, dans les jours qui viennent, surtout que les propositions constitutionnelles, pour la sortie de la crise, sont de plus en plus réduites. Tandis que le ministère de l’Intérieur affirme que le bilan provisoire de la remise des formulaires de souscription de signatures individuelles pour les postulants à la candidature à l’élection de la présidence de la République, arrêté le jeudi 16 mai 2019, compte soixante-quatorze (74) lettres d’intention déposées, tout porte à croire que ces candidats ne peuvent remplir les conditions requises.

Ainsi, le Conseil constitutionnel est devant un dilemme cornélien à la veille de cette date butoir. Déclarera-t-il que les élections ne peuvent avoir lieu en raison d’absence de candidats ? Ou il fera l’annonce d’une nouvelle Constitution ? Pour l’ancienne magistrate Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), «il ne peut y avoir d’élections en l’absence de candidats». «Le Conseil constitutionnel va certainement rendre sa décision d’annuler ces élections», a déclaré Mme Assoul. Indiquant que «le peuple rejette totalement le processus, ainsi que les juges et les élus locaux», l’ancienne magistrate a considéré que toutes «les conditions objectives disent qu’on ne peut pas avoir d’élections le 4 juillet». «D’ici le 23 mai (date butoir depuis la convocation du corps électoral), il est clair qu’aucun candidat n’ose se présenter aux élections présidentielles, de peur du verdict du peuple», a-t-elle déclaré.

Interrogée quant aux issues constitutionnelles qui peuvent être prises à cette phase décisive, Me Assoul a indiqué que le pays est «dans l’anti-constitutionnalité depuis l’annulation du processus électoral prévu initialement le 18 avril dernier». «Le président Bouteflika a décidé unilatéralement d’arrêter le processus électoral, ce qui nous a installé dans l’anti-constitutionnalité», a-t-elle expliqué, considérant, à cet effet, que « la tenue des élections avec les mêmes donnes n’est pas possible». « On ne peut pas régler une crise politique grave avec des élections organisées par la même administration qui n’est pas neutre et les mêmes personnalités», a-t-elle encore ajouté, en notant que « chaque situation politique nouvelle nécessite des mesures nouvelles ».

Notons que Ali Yahia Abdennour, avocat et militant des droits humains, Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre, et Rachid Benyellès, général à la retraite, ont appelé hier, à l’annulation de la présidentielle du 4 juillet. Dans un appel rendu public hier par les trois personnalités , il est écrit que « la date du 4 juillet ne pourra que retarder l’avènement inéluctable d’une nouvelle République».

«Comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes alors qu’elles sont d’ores et déjà rejetées par l’immense majorité de la population parce qu’organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ? », s’interrogent les trois initiateurs de l’appel.

Ainsi, le rejet franc de ces élections est certain. Reste à savoir qu’elles sont les solutions qui seront adoptées par le pouvoir dans les jours à venir. Surtout que le temps n’est pas en faveur d’une issue constitutionnelle. En effet, le mandat de Abdelkader Bensalah, le chef d’État intérimaire, prendra fin le 9 juillet prochain.

Lamia Boufassa