Le siège du groupe Cevital
La question d’hygiène et de sécurité dans le complexe Cevital installé dans le centre urbain et sur le site portuaire de la ville de Béjaïa se pose désormais avec acuité suite à l’accident mortel qui a coûté la vie à un jeune employé de 30 ans.
Alors que l’élan de solidarité autour des grévistes de la faim s’élargit dans la perspective de la tenue d’un grand rassemblement demain devant le complexe, les travailleurs, déjà très affectés par le licenciement de leurs 16 camarades, sont attristés, une fois de plus, par la perte d’un des leurs suite à l’accident de travail mortel survenu hier matin.
En effet, l’accident de travail mortel qui est survenu hier dans la maison Cevital a endeuillé la grande famille des travailleurs déjà très affectés par le licenciement de 16 de leurs camarades. La tristesse se lisait sur les visages de tous ceux qui étaient sur le site du complexe agroalimentaire de Cevital suite au décès de leur collègue de travail Chaallal Cherif, un jeune employé de trente ans recruté depuis 2008 en qualité de magasinier. Affecté hier pour une autre mission, cariste, qui n’était pas la sienne, le défunt a été fauché à la fleur de l’âge par le Clark sur le quai de la margarine. Un drame qui survient dans une période particulière marquée essentiellement par la grève de la faim des 16 travailleurs licenciés pour avoir revendiqué justement de meilleures conditions de travail en matière d’hygiène et de sécurité. Voilà un accident de travail qui relance de plus belle le débat sur les conditions de travail dans le secteur privé notamment. Lequel secteur est marqué par un manque flagrant de sécurité dans l’exercice des fonctions des travailleurs. Au complexe agroalimentaire de Cevital, les accidents de travail sont légion. Mais il ne faut surtout pas en parler car ceux qui osent le faire auparavant sont congédiés. Mais, après le déclenchement du premier grand mouvement de grève depuis l’implantation de l’usine au port de Béjaïa, la peur a changé de camp. En effet, l’élan de solidarité que les 16 grévistes ont réussi à gagner à leur cause en dit long sur l’avenir de la solidarité des travailleurs au complexe Cevital où les langues se délient enfin depuis que les travailleurs ont pu soulever la chape de plomb qui pesait sur le groupe privé qui a la part du lion dans le marché du sucre et de l’huile. En effet, les travailleurs ont défié la peur. Ils se sont mis en grève pour dénoncer les différences salariales, les conditions lamentables de travail et surtout pour revendiquer le droit à l’exercice du droit syndical. En matière d’hygiène et de sécurité, les travailleurs affirment que les faits sont graves. «Cet accident malheureux, qui a coûté la vie à notre collègue serait passé inaperçu sans le mouvement de grève de la faim de nos camarades licenciés», nous déclare un groupe de travailleurs que nous avons rencontré sur les lieux du site avant d’ajouter: «Nous travaillons durement dans de pénibles conditions. Malheureusement, en l’absence d’un conseil syndical à même de garantir le minimum et revendiquer le nécéssaire, nous ne savons plus à quel saint se vouer.»
Visiblement très affectés, les grévistes de la faim du groupe Cevital ont tenu néanmoins, malgré la fatigue due à près de trois semaines de grève, à être présents et manifester leur tristesse suite à la perte d’un collègue. Ce qui s’est passé dans la matinée d’hier est la raison de la tristesse de tous les travailleurs qui étaient sur les lieux de travail, mais aussi des grévistes de la faim qui ne quittent pas l’entrée principale du complexe depuis le déclenchement de leur mouvement de grève pour exiger leur réintégration.