Smail Mimoune est bel est bien en pleine campagne. Le ministre, d’obédience islamiste et issu de la formation d’Aboudjerra Soltani, le MSP, a tenu un discours exagérément rassurant sur son secteur.
Tout va bien dans le meilleur des mondes ! Un bilan positif, bien sûr. Le ton solennel, la mine triomphante, le ministre a dressé un bilan «trop positif» de l’activité touristique durant l’exercice 2011. Tellement triomphaliste et solennel qu’il a failli nous faire oublier qu’un million de touristes algériens se rendent chaque année en Tunisie pour passer leurs vacances.
Pour inculquer dans les esprits des participants à cette rencontre «les performances» du secteur du tourisme en Algérie, l’ex-ministre de la Pêche s’est livré à un exercice difficile, les chiffres. Le tourisme algérien est tellement prospère qu’on nous invite, le plus sérieusement du monde, à jubiler parce que 2.4 millions touristes, dont l’essentiel est constitué d’expatriés rentrant au pays, ont visité l’Algérie en une année. A première vue, le chiffre paraît énorme, mais en réalité le nombre d’étrangers qui sont entrés en Algérie durant l’année 2011 n’a pas dépassé les 900 000, soit 38% du total des entrées. Pour le ministre, ces entrées se sont traduites par des recettes en devises estimées à 480 millions d’euros (35 milliards e dinars). Visiblement optimiste, le ministre, qui estime que le tourisme marche bien en Algérie, surtout au Sud, a tenu à préciser que ces statistiques ont été arrêtées au 31 décembre 2011. Des réalisations satisfaisantes, selon le responsable. Pour lui, le secteur touristique qui s’est caractérisé par «un dynamisme» soutenu se singularise par la réalisation en cours de 695 projets hôteliers privés, mobilisant près de 400 milliards DA en investissements et générant près de 36 000 emplois directs et plus de 110 000 emplois indirects. Smail Mimoune a annoncé également l’achèvement de l’opération de réhabilitation et de modernisation de plusieurs infrastructures hôtelières publiques telles que les hôtels El Aurassi, les Zianides et autres.
La destination Algérie, le ministre en parle encore. Pour lui, les efforts de promotion de la destination Algérie «ont été multipliés» à travers une forte participation aux foires et salons spécialisés du tourisme et des voyages ainsi que l’organisation du Salon international du tourisme en 2011 (Sitev). L’année 2011 aura également été marquée par le lancement de l’élaboration de la carte de formation dans les métiers du tourisme et l’adoption de celle-ci par le gouvernement. S’agissant du secteur de l’artisanat il a, lui aussi, «fait un bond remarquable», selon le représentant de l’exécutif. Dans ce cadre, le secteur a enregistré un volume de production en forte hausse, passant de 142 milliards de DA en 2010 à 160 milliards de DA en 2011, soit une nette augmentation de plus de 11%. Bref, tous les indicateurs sont au vert pour le responsable.
Evoquant les perspectives de l’année 2012, Smail Mimoune a fini par admettre que «beaucoup reste à faire». Une fois n’est pas coutume. Si les potentialités (patrimoine archéologique, sites touristiques, littoral…) sont incontestables, elles ne sont par contre pas valorisées de façon efficace. L’année 2012 verra, selon lui, la redynamisation de la Fédération nationale des offices de tourismes. Elle verra également la création de la fédération nationale de l’hôtellerie, laquelle est appelée à être un espace de réflexion, de proposition et d’action en ce qui concerne l’amélioration de la qualité des prestations de services.
Par Salim Nait Mouloud