La tradition est… respectée
La sardine est, un peu partout dans les marchés de la ville d’Oran, cédée au prix fort de 400 dinars/kg.
A l’approche du mois de Ramadhan, la hausse des prix est imposée comme une tradition nationale à respecter nécessairement. Aucun dispositif ne semble pouvoir dissuader les commerçants déloyaux, les consommateurs qui prennent leur mal en patience en serrant la ceinture, ne savent plus à quel saint se vouer. La tendance, qui s’est précipitamment manifestée un peu partout dans les marchés de la deuxième ville du pays, est à la hausse. En effet, rien n’augure de bien dans les marchés d’Oran, la hausse est «délibérément» mise en application, expliquent les consommateurs et «spontanément déclenchée», se sont disculpés plusieurs commerçants, détaillants et grossistes.
La pomme de terre, qui a atteint le prix de 20 dinars/kilo pendant ces deux derniers mois, a vite fait de prendre son envol pour s’afficher à 30 dinars, la hausse décidée est 50%. Les oignons et la laitue ont chacun atteint les sommets illogiques de 110 et 150 dinars le kg. La tomate et les courgettes ne sont pas en reste, elles sont proposées à partir de 70 dinars/kg alors que l’aubergine est vendue à 80 dinars le kg tandis que le poivron est à 100 dinars pendant que le piment, peu consommé dans la popote des oranais, est fixé à 200 DA/kg. Les fruits de saison sont, au grand dam des faibles bourses, devenus une denrée rare vu leur cherté. Le melon est vendu selon son calibre à partir de 200 dinars/kg. Idem pour la pastèque qui a connu, elle aussi, une hausse de quelques dinars de plus, ces derniers jours. N’a-t-on pas annoncé en grande fanfare la hausse cette année de la production halieutique? Qu’à cela tienne! Mais cela n’a pas empêché la sardine, le poisson du pauvre, est cédée à partir de 400 dinars/kg aussi bien par les marchands ambulants que par ceux des marchés du centre ville d’Oran comme celui de Michelet et de la Bastille ou encore ceux de Plateau et de Gambetta. La fièvre de la hausse de la mercuriale a, dans la foulée, touché le marché de volailles en attendant de contaminer celui de la viande rouge. Le poulet vidé, qui dans un passé récent, était cédé à 240 DA/kg est proposé ces derniers jours au prix oscillant entre 280 et 320 DA/kg. La viande rouge est pour le moment épargnée. «Ce n’est qu’une question de temps, les choses vont radicalement et sûrement impitoyablement changer», a ironisé un boucher exerçant dans le marché de la Bastille, marché connu pour être le fief de la commercialisation par excellence de la chair provenant, dans sa majorité, de l’abatage clandestin. «Vivement le surgelé et la viande importée qui sont à des prix raisonnables», s’est réjoui un client. «À ce rythme de hausse graduelle des tarifs des produits de première nécessité, la nouvelle tarification spéciale Ramadhan sera fixée et connue une semaine avant l’entame du mois du jeûne», a déploré un chaland. Les fruits et légumes ont connu le même sort, l’augmentation de leurs prix a été mise en oeuvre à doses modérées, mais en crescendo.
Les commerçants placardent chaque jour une nouvelle ardoise indiquant les nouveaux tarifs. Cette envolée soudaine des prix est décidée à l’approche du Ramadhan, mois vidé de sa valeur sociale et religieuse, la piété et l’entraide, pour le transformer en une période de spéculation touchant tous les produits alimentaires. Les responsables du commerce ne se soucient plus, ne trouvant rien de mieux pour expliquer ce fait récursif annuellement que d’avancer l’argument de la libération des prix et que ces derniers (prix) sont régis par la loi de l’offre et de la demande. Une chose est sûre: les produits alimentaires sont à l’abandon ces dernières années alors que les prix sont en flambée constante! Ou est donc la défaillance?