Alors que le ramadhan bat son plein, Les folles veillées d’Oran

Alors que le ramadhan bat son plein, Les folles veillées d’Oran
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«Ici, le kif ne manque pas!» s’exclame un habitant de Saint-Pierre ajoutant que «son odeur envahit le ciel d’Oran dès que le muezzin annonce la rupture du jeûne».

L’animation nocturne ne manque nullement dans la deuxième capitale du pays, El Bahia-Wahrane. Alors que la paresse et le désoeuvrement sont de visu perceptibles dans la journée, l’ambiance mouvementée monte de plusieurs crans dès la tombée de la nuit. «Vivement Oran, vu son animation», diront sans aucun doute les visiteurs de la deuxième capitale du pays. Les soirées ramadhanesques oranaises sont multiples et variées. Chacun trouve son compte en satisfaisant son fantasme sans risque d’être stigmatisé. Les sorties «animées» sont souvent marquées par la consommation de la drogue, kif et psychotropes. Le consommateur a l’embarras du choix en cherchant son nirvana.

Un peu partout dans plusieurs quartiers populaires de la ville, le kif est devenu la denrée trop recherchée et consommée pendant le mois sacré de Ramadhan, tout comme la hrira ou encore le bourak. «Ici, le kif ne manque pas!» s’exclame un habitant du quartier populaire Saint-Pierre. «Son odeur envahit le ciel d’Oran dès que le muezzin annonce la rupture du jeûne», a-t-il ajouté en ricanant. La consommation de la drogue et des psychotropes a explosé pendant ce mois sacré, un peu partout dans la ville d´Oran. Aucun n´est épargné. En dépit de la lutte acharnée déclenchée aussi bien par les policiers et les gendarmes, la «marchandise» marocaine continue à inonder le «marché» algérien. Le papier massa, type Bob Marley, et le bout de plaquette marocaine sont tellement demandés que l’offre ne manque pas. Ainsi, des vieux, des adultes, des jeunes, des moins jeunes et même des jeunes filles s’adonnent à la drogue dès que «Allah Akbar» du Maghreb retentit dans les haut-parleurs des mosquées.

Ils accourent vers leurs cachettes d’où ils retirent leurs bouts de joints pour se doper en apaisant le nerf en attente. Tout en consommant, à tour de rôle, leur «propre hrira», ils dévisagent des yeux tous les coins et issues de leurs quartiers de résidence, question de tirer l’alarme dans l’éventuel cas de l’arrivée surprenante des Vetos et Polo des hommes en tenue bleue, la Police. Ces consommateurs se mettent en petits groupes dans les entrées, caves et terrasses des immeubles pour s’adonner à une «partie tournante» de consommation de la plaque marocaine bafouant totalement les règles du bon voisinage. Les occupants des immeubles, notamment n’ayant aucune relation avec la drogue, assistent impuissant à des scénes «tant douloureuses», sans savoir à quel saint se vouer, et ce de peur de représailles. «Ecrivez dans votre journal que la drogue fait des ravages dans notre cité», dira un quinquagénaire, habitant dans le quartier populaire de Cavaignac. Et d’ajouter d’un ton écoeurant que «certains osent même adjoindre cette dose habituelle, comme ingrédient principal dans le menu du dîner en clôturant le repas à la table du dîner». La consommation du kif connaît, durant chaque Ramadhan, une hausse vertigineuse. Idem pour les arrivages. D’importantes quantités sont «expédiées» par les trafiquants du voisin de l’Ouest sachant que Tlemcen et Oran sont devenues deux plaques tournantes du trafic et de transit de cannabis. En effet, les services des douanes de la wilaya de Tlemcen ont saisi, durant le premier semestre de l’année en cours, 55,25 quintaux de kif traité, 175 grammes de cocaïne et 3417 psychotropes. Ces quantités de stupéfiants ont été saisies lors de 24 opérations soldées par l’arrestation de 40 personnes impliquées dans des trafics, qui ont été présentées devant la justice. Idem pour les psychotropes, la demande ne manque plus tandis que l’offre est tout aussi accrue ces derniers temps. Les bilans de la sûreté de wilaya d’Oran confirment une telle évidence. Dans leur dernière opération, les éléments de la police judiciaire près la sûreté de wilaya d’Oran ont saisi près de 14.000 comprimés, destinés à la commercialisation. Dans le tas, trois individidus âgés entre 23 et 60 ans. Le coup de filet a été opéré dans les alentours de la forêt de Canastel lorsque les mis en cause ont tenté de prendre la fuite. En fin de semaine dernière, les services de sécurité de la wilaya d’Oran ont réussi à mettre en échec une tentative de commercialisation de 600 comprimés psychotropes de marque Rivotril. Lesdits services ont arrêté un chauffeur d’un motocycle de type T-Max. La fouille qui s’en est suivie a permis la découverte de ladite quantité de psychotropes. Les services de sûreté urbaine d’Oran ont pu décapiter une bande de criminels composée de cinq individus, âgés entre 19 et 24 ans. Ils sont accusés d’association de malfaiteurs, port d’armes blanches, trouble à l’ordre public et de possession de drogues. «Les saisies des petites quantités destinées à la consommation sont nombreuses», dira un policier ayant requis l’anonymat. Et d’ajouter que «ces saisies augmentent sensiblement pendant le mois de Ramadhan»