Une pareille information, donnée par le journal français, La Tribune, très versé dans ce genre d’affaires économiques et financières, paraît fort plausible, sachant que ce groupe français, en pleine crise, a licencié des dizaines de milliers de travailleurs et fermé plusieurs unités, alors que les véhicules qu’il produit sont très prisés en Algérie et qu’il a un besoin urgent de nouveaux financements, chose qui ne manque vraiment pas à l’Algérie.
L’idée d’une participation algérienne au capital du constructeur français commence à faire son chemin entre la France et l’Algérie. Le sujet a été évoqué, lors de la visite de l’envoyé spécial du président François Hollande, pour les relations économiques entre les deux pays, Jean-Pierre Raffarin, fin novembre. Maintenue secrète par les deux parties, cette idée a été divulguée par plusieurs sources hexagonales bien informées, ayant requis l’anonymat.
Et si l’Algérie, qui veut à tout prix se doter d’une industrie automobile, volait au secours de PSA ? L’idée, loin d’être farfelue, est au contraire renforcée par plusieurs facteurs, nous expliquent des sources qui suivent de très près ce genre de questions. D’une part, il semble de plus en plus probable que le projet d’installation d’une usine de montage de véhicules Renault soit en passe d’être abandonné.
Ce constructeur français, qui subit, lui aussi, les effets de la crise de l’euro, et qui voit ses ventes chuter de manière drastique, ne peut raisonnablement se permettre d’investir dans un pareil projet (quand bien même la «raison d’État le lui aurait dicté) alors qu’il vient d’installer une usine de montage chez nos voisins marocains. Renault, qui réalise son plus gros chiffre d’affaires en matière de vente en Algérie, a mis à profit cette opportunité pour investir au Maroc.

En clair, notre argent a servi à enrichir Rabat et Paris. Mais, ce choix s’explique parfaitement par le fait que les conditions de travail au Maroc permettent au constructeur français de souspayer ses employés, histoire de rentabiliser au mieux son «affaire». En Algérie, les lois sociales, le niveau de vie et les conditions dans lesquelles évoluent les sociétés, tant nationales qu’étrangères, n’encouragent guère les opérateurs à «délocaliser», encore moins à investir, en y étendant ses activités.
Il faut ajouter à cela que si le taux d’intégration, en matière de fabrication, localement, des pièces (une voiture est en moyenne composée d’un million de pièces diverses), n’est pas appréciable, comme c’est le cas au Maroc, la voiture montée à l’aide de pièces importées coûtera, forcément, plus cher. Voilà pourquoi, sans doute, Renault a multiplié les conditions, dont certaines sont quasi inacceptables pour l’Algérie.
C’est, par exemple, le cas concernant l’exclusivité pendant une durée de 3 ans, alors que les Qataris, qui détiennent des actions chez le constructeur allemand Volkswagen, ont émis le voeu de venir investir en Algérie.
Il en va de même pour cette condition douteuse selon laquelle l’Algérie devrait «consommer» l’intégralité des voitures produites in situ, et donc de n’en importer même pas une seule. Bref, tout porte à croire que le projet d’usine de montage Renault, en Algérie, ne verrait jamais le jour.
Du moins, pas dans le futur immédiat. Voilà pourquoi, sans doute, le Monsieur Algérie pour la France, Jean-Pierre Raffarin, a pu proposer cette solution de rechange. PSA manque cruellement de liquidités, au point où il a été obligé de procéder à des licenciements, en masse, alors que plusieurs de ses unités ont été fermées.
L’Algérie, comme l’a fait le Qatar avant elle, gagnerait donc à prendre des participations dans des sociétés aussi importantes, au lieu de laisser dormir ses réserves de change au niveau de la FED (les réserves fédérales US).
En France, PSA est en grandes difficultés et va fermer l’usine d’Aulnay, alors qu’en Algérie, les ventes de Peugeot, une marque qui y est très populaire, explosent. Durant les dix premiers mois de 2012, la marque Peugeot a vendu 54 500 voitures en Algérie, en hausse de 93 % par rapport à la même période de 2011, selon les chiffres officiels. Dans le classement des constructeurs, Peugeot arrive en deuxième position, derrière Renault.
Wassim Benrabah
Dernière minute Àen croire le journal « Le Point » on ligne, Jean-Pierre Raffarin aurait démenti, hier en fin de soirée, l’existence de tractations entre Alger et Paris en vue d’une prise de participation au niveau de PSA Peugeot-Citröen.
Sachant par ailleurs que les responsables de ce groupe français ont refusé de faire le moindre commentaire, alors que leurs actions ont sensiblement grimpé, il est possible qu’il ne s’agisse là que d’une manoeuvre visant à éviter que les tractations en finissent en queue de poisson. Nous y reviendrons.
W. B.