Alors que le président gabonais est toujours convalescent au Maroc: Putsch militaire avorté contre Ali Bongo

Alors que le président gabonais est toujours convalescent au Maroc: Putsch militaire avorté contre Ali Bongo

Âgé de 59 ans et dont la famille est au pouvoir depuis 1967, le président du Gabon, Ali Bongo, est hors circuit depuis le 24 octobre 2018, victime d’un accident vasculaire cérébral.

Hospitalisé en Arabie saoudite, il est en période de convalescence au Maroc. Des militaire gabonais ont tenté hier matin, sans succès, de déposer le président Ali Bongo du pouvoir, en s’emparant du siège de la radio-télévision publique, avant leur arrestation quelques heures plus tard, ont rapporté les médias locaux. Les militaires, auteurs de ce putsch avorté, ont fait irruption au siège des médias publics à l’aube et ont annoncé la mise en place d’un “Conseil national de restauration”, en se présentant sous la dénomination du “Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité”, selon le message qu’ils avaient diffusé dans la radio.

“Une fois encore, une fois de trop, les conservateurs acharnés du pouvoir, dans leur funeste besogne, continuent d’instrumentaliser et de chosifier la personne d’Ali Bongo Ondimba sous le regard complice de la haute hiérarchie militaire”, ont-ils affirmé, estimant que le message du nouvel an du président Bongo n’a fait que renforcer “le doute sur sa capacité à assurer la fonction de président de la République”. Mais la réaction des fidèles du président et de la hiérarchie militaire était rapide. “Le calme est revenu, la situation est sous contrôle”, a indiqué le porte-parole du gouvernement, en milieu de matinée, après que des soldats des troupes d’intervention rapides (GIGN) sont intervenus pour reprendre le contrôle de la situation et arrêter les cinq militaires putschistes.

Il s’agit d’un groupe de “plaisantins” et la hiérarchie militaire ne les reconnaît pas, a précisé la même source, a rapporté l’AFP. Pourtant, cette tentative de putsch est loin d’être une plaisanterie de mauvais goût contre un président malade et incapable de gérer les affaires du pays.  “Nous sommes partisans de tout ce qui peut amener le Gabon à changer, à obtenir l’alternance. Nous le disons depuis 2016, il faut que le Gabon change dans le sens du peuple”, a déclaré Claye Martial Obame Akué, le porte-parole de la Coalition pour la Nouvelle République, le parti de Jean Ping, qui appelle Ali Bongo à quitter le pouvoir, a rapporté RFI.

“Au regard de la situation politique, je crois que nous pouvions redouter cette situation que nous avons vécue ce matin, parce que, personnellement, j’avais constaté qu’il y avait des crispations.  Et même au sein du pouvoir, il y avait des antagonismes”, a expliqué pour sa part Marc Ona, une figure politique gabonaise, ajoutant à RFI que “ce que l’on peut redouter, c’est une tension et une certaine confusion qui s’installe où les uns et les autres font régler des comptes aux adversaires. Je crois aussi que le gouvernement a bien compris qu’il y a un ras-le-bol des Gabonais à tous les niveaux.

Et maintenant que ce ras-le-bol se fait sentir même au niveau de la garde républicaine, là je pense qu’il faudrait qu’au niveau national et international, on se penche sur le cas du Gabon avant qu’il ne soit trop tard.

Nous sommes en train de frôler l’irréparable”. Dans tous les cas, cette tentative de prise de pouvoir constitue un signal fort au Gabon pour un président qui s’accroche à son poste et dont l’entourage essaie de le maintenir à tout prix, au vu des importants intérêts en jeu.

Lyès Menacer