Les récentes déclarations du PDG de Renault, affirmant que le projet de construction d’une usine de la même marque est loin d’être finalisé, semblent contredire superbement les propos optimistes de notre ministre de l’Industrie.
Qui croire dans ce méli-mélo? Qui dit vrai dans cette histoire ? Pourtant, Raffarin, le monsieur Algérie de l’Elysée, s’est montré très prudent lui aussi, cachant sans doute au partenaire algérien les dessous de ce dossier d’investissement.
Des incertitudes planent maintenant sur ces négociations, alors que notre Benmeradi est la seule personne à croire qu’un protocole d’accord sera signé prochainement.
Ces contradictions sont graves, d’autant que le premier responsable de la marque, directement concerné par un lourd projet d’investissement, ne peut ignorer l’état d’avancement des négociations, ni des détails des tractations sur la faisabilité technique et financière du projet, ni les contraintes de toutes sortes.
Impossible que l’Etat français, qui ne détient que 15% des actions de la firme, fasse cavalier seul et oblige Renault à construire une usine dans un pays, ou à délocaliser sans mettre en péril l’équilibre financier de l’entreprise, ou sa stratégie commerciale, dont le plan de développement est ajusté sur au moins quinze ans.
Impossible également que Renault ne soit pas au courant de la volonté de Sarkozy de placer quatre ou cinq multinationales hexagonales en Algérie dans plusieurs secteurs, comme il l’a fait au Maroc, en Tunisie, et, plus récemment, en Libye de l’après Kaddafi. Cependant, des observateurs estiment que les déclarations du PDG de Renault sont plutôt inscrites dans le débat actuel franco-français.
Un débat étroitement lié aux prochaines présidentielles, dans lequel une bonne partie du patronat français se montre hostile à la politique actuelle du président Sarkozy, préférant celle de son rival socialiste Hollande. La bataille des programmes entre les deux hommes semble diviser toutes les classes et catégories sociales de la France, n’épargnant ni les couches moyennes défavorisées, ni même les castes bourgeoises et les influents hommes d’affaires.
C’est, sans doute, cette situation qui explique les défis du PDG à l’endroit du gouvernement de Paris. Est-ce à dire que le patron de Renault est favorable à Hollande, voulant retarder la signature de l’accord juste pour après les présidentielles ? Il est vrai que le socialiste est en tête des sondages et pourrait bien être le futur chef de l’Etat français.
Peut-être aussi que notre Benmeradi ne suit pas suffisamment la politique intérieure française pour expliquer objectivement des propos incompréhensibles ?
H. R