Alors que le Maroc a adopté un projet de loi sur la question/Tamazight : à quand la concrétisation de son officialisation en Algérie ?

Alors que le Maroc a adopté un projet de loi sur la question/Tamazight : à quand la concrétisation de son officialisation en Algérie ?

Les termes et les conditions de l’officialisation de tamazight en Algérie n’ont pas satisfait outre mesure les militants qui ont dénoncé “un piège” et “un marchandage inacceptable”.

Le projet de loi officialisant tamazight au Maroc vient d’être adopté par le dernier Conseil des ministres marocain. Constitutionnalisée, pourtant, depuis 2011, sous la pression de la rue marocaine, les autorités du royaume avaient trouvé la parade en officialisant tamazight comme seconde langue officielle.



Le projet de loi adopté, lit-on dans un communiqué du Conseil des ministres marocain, “fixe les étapes de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe”, ainsi que “les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les différents secteurs prioritaires de la vie publique”.

Le communiqué a précisé que ce projet, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’article 5 de la Constitution, “définit les principes généraux encadrant la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, et les modalités de son intégration dans le secteur de l’enseignement, la législation, l’action parlementaire, l’information et la communication, la création culturelle et artistique, dans l’administration, les services, établissements publics et collectivités territoriales et dans les espaces et les services publics”.

“Le Conseil des ministres a également adopté le projet de loi organique relatif au Conseil national des langues et de la culture marocaine”, souligne le communiqué, précisant que le même projet, élaboré dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de l’article 5 de la Constitution, définit les attributions de ce Conseil, sa composition et les modalités de son fonctionnement.

Il est indiqué que “ce Conseil va regrouper l’ensemble des institutions concernées par les langues arabe et amazighe ainsi que les autres instances chargées de promouvoir le patrimoine culturel”, comme “il proposera les orientations stratégiques de l’État dans les domaines des politiques linguistique et culturelle et veillera à leur harmonisation, sachant que ces orientations seront soumises au Conseil des ministres pour approbation”.

Si les militants amazighs marocains ne s’empressent pas de crier victoire après cette décision, il n’en demeure pas moins que la lutte pour la reconnaissance de la langue et culture amazighes engrange de plus en plus de victoires chez nos voisins de l’ouest.

Il est à souligner que “le nombre d’écoles où tamazight est enseignée est passé de 317 pendant l’année scolaire 2003/2004 (date du démarrage de l’enseignement amazigh dans les écoles publiques) à plus de 4 000 établissements primaires actuellement”, ont rappelé, hier, des quotidiens marocains. Selon des chiffres rendus publics par le ministère de l’Éducation du royaume marocain, “il a été formé environ 14 000 enseignants de langue amazighe”. “15% de l’ensemble des élèves marocains suivent des cours en tamazight”, précise-t-on encore, regrettant, toutefois, que malgré ces avancées, le Maroc “est loin de la généralisation” prévue par la convention signée en 2003 entre le ministère et l’Ircam (Institut royal de la culture amazighe).

En Algérie, l’enseignement de cette langue, pourtant engagé depuis 1995, est toujours facultatif. Les termes et les conditions de l’officialisation de tamazight en Algérie n’ont pas satisfait outre mesure les militants qui ont dénoncé “un piège” et “un marchandage inacceptable”.

Ils risquent aujourd’hui d’invoquer le retard qu’accuse la concrétisation de cette officialisation par le biais d’une loi pour confirmer leurs réserves et leurs appréhensions.