Alors que le gouvernement a perdu la bataille de la communication,La leçon de la presse algérienne

Alors que le gouvernement a perdu la bataille de la communication,La leçon de la presse algérienne

Encore une fois, la presse a suppléé aux carences de la communication officielle

A sa collection des ratages médiatiques, le gouvernement algérien vient de rajouter un autre type d’échec: mauvais élève, zéro point en communication!

Le fait mérite d’être souligné. Face à la déferlante médiatique internationale, la digue a été érigée par la «presse privée algérienne». Au sol c’était la bataille contre les terroristes d’Al Qaîda.

Les forces de l’ANP l’ont bien prise en charge. Au ciel, la guerre médiatique faisait rage. En pareilles circonstances, nul besoin de mot d’ordre, de concertation ou d’orientation venant d’une quelconque officine. C’est avec des éditoriaux, des analyses, des contributions et des articles trempés dans l’encre du patriotisme que la presse privée algérienne a réagi.

Un patriotisme quasi unanime dans des moments aussi cruciaux. C’est parce qu’on ne peut pas trouver des circonstances atténuantes aux terroristes ni à leur soutien. L’audace et le courage des militaires algériens ont été soulignés avec fierté par tous les titres même si les défaillances sécuritaires ont été relevées. «(…) à ce qu’on sache, l’Algérie n’est pas une République bananière, à laquelle on peut intimer des ordres ou demander des comptes sur son action pour se protéger et protéger ses nationaux», note le quotidien L’Expression dans son éditorial rappelant que «la question du terrorisme islamiste se pose depuis deux décennies quand des chefs terroristes on pu bénéficier du laxisme de ces mêmes capitales occidentales qui, aujourd’hui, font mine de s’offusquer de l’action de l’Algérie contre les preneurs d’otages.» Et au même journal de trancher: «L’Algérie ne négocie pas avec les terroristes, principe réitéré à maintes reprises par les autorités du pays.» Le confrère El Watan souligne que «contre un ennemi déterminé et fanatique, il fallait de la fermeté et du courage». L’assaut donné, samedi 19 janvier, contre le site de l’usine «doit être perçu comme une réponse ferme et sans appel de l’Etat algérien à tous les groupes terroristes qui sévissent dans la région du Sahel, qui seraient tentés de rééditer ce genre d’opération sur le sol algérien», avertit le même journal. «A In Amenas, l’Algérie vient de faire l’éclatante démonstration de son courage face au terrorisme» écrit le quotidien Liberté avant de signifier une halte aux jérémiades de certains dirigeants étrangers sur la gestion de la crise par Alger. Le journal les qualifie de «cris d’effroi de certaines vierges effarouchées et de commentaire à la carte des professionnels de l’indignation». En revanche, la concession que refuse de faire cette même presse privée aux autorités algériennes concerne son mutisme face à ce drame. Mauvais élève! Zéro point en communication. A sa collection des ratages médiatiques, le gouvernement algérien vient de rajouter un autre type d’échec. Encore une fois, l’Algérie a lamentablement perdu la bataille médiatique. L’attitude jubilatoire qu’affichent les autorités algériennes face au retentissant exploit réalisé par les forces spéciales lors de l’assaut donné sur le site gazier d’In Amenas, ne peut cacher cette réalité cruciale d’une sécheresse de communication inexpliquée. Quatre jours après l’occupation du site par les terroristes, 48 heures après l’assaut final, aucun point de presse n’a été organisé par les responsables algériens. Ni le ministre de l’Intérieur, ni le ministre de la Communication, ni le ministre des Affaires étrangères n’ont daigné s’exprimer pour rassurer les familles algériennes et étrangères des travailleurs sur le site d’In Amenas. Et ce n’est pas la pitoyable prestation de Mohamed Saïd, confiné dans un rôle de ministre de la presse publique, qui pourra contrecarrer les assauts médiatiques étrangers. Le comportement de la presse privée vient de rappeler que si nos gouvernants ont le monopole du pouvoir, le monopole sur la rente pétrolière, ils n’ont pas le monopole du patriotisme. Mais ce patriotisme peut-il faire vivre cette presse sans tutelle, statut et sans protection?