En entrant à Zawiyah, les rebelles font sauter l’un des verrous qui protègent Tripoli
Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, c’est exactement la politique que semble suivre le Conseil national de transition libyen (CNT).
Ce n’est pas la première fois que des responsables du CNT annoncent publiquement la fin du règne d’El Gueddafi. Le représentant en France du Conseil national de transition libyen (CNT), Mansour Saïf al-Nasr, a affirmé dans une interview à Radio France Internationale, diffusée hier, que le conflit libyen entrait «dans une phase décisive» et dit espérer une victoire des rebelles libyens «en même temps que la fin du Ramadhan», fin août.
Il y a lieu de dire que la conjoncture actuelle a quelque peu évolué ces derniers jours. L’avancée des rebelles vers Tripoli commence à se préciser. Les rebelles contrôlent totalement désormais, Zawiyah ainsi que les villes de Gharyane et Sorman, le bouclier qui protégeait la capitale, ouvrant de fait la route vers Tripoli.
Depuis le début de la contestation libyenne (le 15 février) il y a exactement 6 mois, la révolte s’est peu à peu transformée en un conflit armé. Après avoir reçu le feu vert de l’ONU, certains pays occidentaux, à savoir la Grande Bretagne, les Etats-Unis d’Amérique et la France, on formé une coalition pour «protéger les civils (libyens)» contre toute répression. Notons, au moment où l’imbroglio entoure ce qui se passe en Libye, que cette intervention militaire hâtive et disproportionnée était une initiative de la France, la plus déterminée à entraîner la communauté internationale dans une aventure dont Paris comptait en tirer les dividendes, alors que, Nicolas Sarkozy était dans les tréfonds des sondages français à quelques mois de la présidentielle de 2012. Après les fiascos ramassés par la diplomatie française en Tunisie puis en Egypte, pour avoir systématiquement soutenu les régimes en place, Sarkozy avait besoin de rafraîchir son image de marque. Pour des raisons politiques, et surtout électorales, le président français avait besoin d’agir dans une tentative de remonter dans les sondages. Il voulait aussi, et à tout prix, jouer le rôle du leader mondial, du preneur de décision, du sauveur d’un peuple réprimé. Mais tout cela n’était que de l’esbroufe. Après six mois de conflit, aucune solution n’a pu être trouvée. Il est patent que les frappes de l’ONU et de la coalition occidentale ont été sans effet sur la détermination d’El Gueddafi, toujours en poste. Plus, la rébellion, malgré le soutien militaire qu’elle reçoit est contrainte de prendre langue avec Tripoli. Notons également, que le CNT a refusé, en particulier le plan de sortie de crise de l’Union africaine. Feuille de route acceptée en revanche par El Gueddafi. De fait, le CNT voulait le beurre et l’argent du beurre en quelque sorte. Les négociations «secrètes» entamées dans la nuit de dimanche à lundi à Djerba, en Tunisie, entre des représentants de la rébellion et de Tripoli, montrent qu’aucune issue ne pourrait être trouvée sans la participation du régime de Tripoli. Il n’en reste pas moins que la rébellion, refuse toujours de prendre langue avec El Gueddafi C’est du moins ce qu’affirme le représentant du CNT en France qui explique: «Le CNT ne négocie pas avec le régime d’El-Gueddafi. Nous exigeons le départ préalable d’El-Gueddafi et de ses enfants et puis après nous négocierons avec d’autres qui sont autour d’El-Gueddafi» en réponse aux rumeurs concernant des négociations secrètes entre les rebelles et des représentants d’El-Gueddafi. «Le CNT n’a envoyé personne (à Djerba). Ce sont des personnalités politiques libyennes qui ont rencontré M. Al-Khatib (l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, le Jordanien Abdul Ilaj al-Khatib). Lui est à Djerba», a affirmé Mansour Saif al-Nasr. «Ce que je peux vous dire, c’est que des personnalités indépendantes libyennes qui ne sont pas du côté du gouvernement et qui ne sont pas membres du CNT ont rencontré M. al-Khatib, mais elles ne représentent pas le CNT», a-t-il insisté. La confusion régnait autour de ces pourparlers en Tunisie. Abdel Ilaj al-Khatib est arrivé lundi à Tunis en annonçant qu’il venait se joindre aux discussions entre responsables du régime et de la rébellion. A New York, l’ONU a cependant démenti une quelconque participation, assurant ne disposer d’aucune information concernant des pourparlers qui auraient lieu en Tunisie entre le CNT et les autorités de Tripoli.