Écrit par Adlène Badis
La crise dans les arcanes du Parlement algérien entre bientôt dans sa troisième semaine sans voir le bout du tunnel. Les travaux sont gelés depuis le début du mois par les députés de la majorité présidentielle et la vie politique semble tourner autour de cette affaire qui suscite moult controverses.
Les groupes parlementaires formant l’Alliance présidentielle (FLN, RND, TAJ, MPA) et Indépendants insistent mordicus sur l’exigence de la démission de Saïd Bouhadja, à la tête de l’Assemblée populaire nationale depuis mai 2017. Sauf que la Constitution tout comme le Règlement interne de l’Assemblée ne prévoient pas d’issue à cette situation pour le moins inédite.
« Le Président de l’Assemblée populaire nationale est élu pour la durée de la législature », énonce l’article 131 de la Constitution, alors que l’article 10 du Règlement intérieur de l’APN ne précise les modalités d’élection d’un nouveau président de l’Assemblée qu’« en cas de vacance […] par suite de démission, d’incapacité ou d’incompatibilité ou de décès ».
Ces dispositions pour le moins claires auront paradoxalement ajouté à la confusion dans une crise aux enchevêtrements évidents. Au niveau du FLN, Ould Abbès qui mène une véritable bataille pour voir l’actuel président de l’APN partir le plus rapidement possible tente face à sa résistance de remettre de l’ordre dans ses troupes en expliquant que cette affaire est interne et que « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ».
Le FLN menace également de sortir des « dossiers compromettants » contre Bouhadja s’il ne se résout pas à démissionner. Pour beaucoup d’observateurs, ces soubresauts au niveau de l’APN ne sont que le début d’une Compagne présidentielle qui pourrait s’avérer particulièrement clivée.
Le secrétaire général du FLN semble avoir lancé depuis Bouira sa campagne en prévision des préparatifs pour le renouvellement prochain de la moitié du Conseil de la Nation, en décembre 2018, et évidement l’élection présidentielle. « Nous devons donc renforcer cette majorité en prévision de la présidentielle 2019 », soulignera un Ould Abbès qui semble déjà avoir l’esprit au grand rendez-vous d’avril prochain.
Multitudes de positionnements
Du côté de l’opposition l’on est face à une multitude de positionnements, avec en sous-fond le grand rendez-vous de 2019. Le président du RCD semble exclure toute participation de son parti, «sous une forme ou une autre», si elles sont organisées selon lui dans les mêmes conditions que les précédentes, réitérant la revendication d’une commission indépendante pour gérer le scrutin. Le président du RCD a aussi exclu toute alliance avec de « petits partis sans ancrage populaire ou avec des acteurs qui s’autoproclament personnalités nationales ». « Oui pour la réunion des forces patriotiques et vrais acteurs qui ont un poids sur la scène et un capital. Mais personne ne peut se prévaloir du soutien du RCD s’il n’a pas la même vision », a-t-il dit.
Résolument engagé contre un éventuel cinquième mandat le mouvement Mouwatana, nouvel ovni dans un paysage politique caractérisé par l’apathie, veut se doter d’une instance de coordination. Ce mouvement, qui dit « œuvrer à rassembler le maximum d’Algériens pour faire hâter le départ de ce régime et à préparer les véritables conditions d’une transition pacifique », semble aujourd’hui vouloir exister sur un plan organique voire populaire avant de rentrer dans la bataille.
En attendant que la crise de l’APN se résorbe, les Algériens regardent avec distance une vie politique peu attrayante où aucune personnalité politique ne semble sortir du lot.