Djamel Ghanem a été mis en examen après que son propre journal eut porté plainte contre lui
Une pétition lancée sur les réseaux sociaux a abouti à la récolte de quelque 800 signatures.
Le caricaturiste Djamel Ghanem, poursuivi en justice pour un dessin qui n’a pas été publié, a été acquitté. Le verdict devant être rendu la semaine dernière, a été donné hier par le tribunal de première instance près la cour d’Oran. Djamel Ghanem, ex-caricaturiste au journal La Voix de l’Oranie, a été dénoncé par son employeur dans une affaire peu ordinaire, une caricature qui n’a jamais été publiée. Son procès a eu lieu le mois dernier après le premier report décidé par décision du juge qui a constaté l’absence du plaignant, à savoir le directeur du journal. Djamel Ghanem a été mis en examen après que son propre journal eut porté plainte contre lui pour une caricature portant quelque insinuation sur la santé du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika.
Le juge d’instruction s’étant autosaisi du dossier, Djamel Ghanem a été mis en examen pour les chefs d’inculpation suivants: abus de confiance vis-à-vis de son ex-patron et utilisation indue du réseau de l’entreprise qui l’employait. Or, la caricature, objet du litige, n’a été ni terminée ni signée. Le 13 novembre 2013, l’ex-caricaturiste de La Voix de l’Oranie a comparu en première instance devant le juge d’instruction, à l’issue de son audition, il a été placé sous contrôle judiciaire.
Cette affaire a ébranlé la corporation journalistique et a même poussé le Syndicat national des journalistes (SNJ) à dépêcher à Oran un avocat, maître Dilem, pour prendre la défense de l’accusé. Lors du procès tenu le 11 février dernier, la défense a réclamé «l’acquittement pur et simple». Les internautes ne sont pas restés bras croisés, lançant dès le 14 février une pétition.
Cette dernière a été lancée sur la Toile et autres réseaux sociaux. Quelque 800 signatures ont été récoltées. «Il est proprement scandaleux qu’un caricaturiste soit condamné à la prison ferme, qui plus est pour un dessin qui n’a jamais été publié», s’indigne un internaute.
Mercredi dernier, quelques journalistes, ahuris par l’ampleur de l’affaire, ont observé un sit-in devant le siège de l’antenne régionale de l’Entv et de l’Enrs.
Dans un avant-dernier épisode, le caricaturiste a été victime d’une agression perpétrée par quatre jeunes l’ayant violemment tabassé.
«Ils m’ont demandé de sortir du café avant de s’en prendre à ma personne en me rouant de coups», confia Djamel Ghanem, ajoutant que «les quatre individus ont alors pris la fuite». L’agression a eu lieu en plein centre-ville dans un café de la rue Khemisti.
Quatre individus, âgés entre 19 et 25 ans, portant des capuches, l’ont passé à tabac, le frappant dans les parties intimes et le dos.