Alors que Bruxelles durcit les règles de comptage de thon rouges, les pécheurs et organisations non gouvernementales s’affrontent plus que jamais en Méditerranée sans foi ni loi.
Les écologistes de Sea Shepherd viennent de déclarer la remise en liberté de plus de 700 thons rouges, capturés au large des côtes libyennes par un thonier libyen. Sea Shepherd affirme que les » braconniers » avaient dans leurs filets des thons juvéniles péchés hors quota après la saison de pêche légale qui s’est s’achevée à la mi juin 2010. La saison de pêche a été particulièrement agitée durant cette année avec, notamment, des échauffourées entre les pécheurs français et Greenpeace.
Dès le 9 juin 2010, soit une semaine avant la fin de la période de pêche fixée par les autorités, Bruxelles a interdit aux thoniers français de poursuivre leur activité, estimant les quotas déjà atteints. Deux jours plus tard, la Commission européenne reconnaissait son erreur et transférait les 171 tonnes de thons restant à prélever à la pêche côtière et artisanale en Méditerranée. Au total, les pécheurs français auraient pris 1 628 tonnes.
Le 17 juin 2010, le Parlement européen a fait un pas de plus en matière de protection des thons rouges en adoptant de nouvelles règles destinées à déjouer les prises illégales. Elles prévoient un système de documentation à chaque étape, y compris sur la mise en cage, les récoltes, l’importation, l’exportation et la réexportation afin de garantir une traçabilité totale et fiable.

Or qu’en est-il de la part de l’Algérie dans cette bataille livrée sans merci en Méditerranée ? Notre pays a été privé de sa part de thon rouge qui devait s’élever à 680 tonnes durant l’année 201I. L’Algérie a été victime, en effet, d’une arnaque de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique.
A ce titre, la commission avait accordé la part de l’Algérie à la Libye et quatre autres pays, après l’insistance de la Libye sur l’incapacité de l’Algérie à puiser, selon certaines sources européennes, son quota à cause du manque de moyens dont elle souffrirait. La contradiction dont s’est mise la commission, pourtant censée préserver le thon rouge qui est en voie de disparition, a mené l’Algérie à déposer un recours.
La Libye a tout fait pour rallier la commission à sa cause en lui assurant que l’Algérie a échoué de pêcher sa part en 2010. Ce qui a conduit à sa privation de 418 tonnes des 680 pour ne garder que 138 pour l’année 2011. Abdallah Khenafou qui a mis l’absence de l’Algérie à la réunion du 17 au 27 novembre 2010 sur le compte du refus de la France d’octroyer des visas aux membres algériens, dira : » c’est là la fraternité arabe! ».
Par ailleurs, le ministre s’est montré étonné quant à la polémique médiatique qu’a provoquée une question qui n’a rien à voir avec le patrimoine national, du fait que le thon rouge est un poisson migrateur qui passe par les eaux algériennes. Ce qui donne à notre pays le droit de le pêcher. Les Algériens ne consomment pas de thon rouge ? Selon le ministre, même si l’Algérie parvenait à exploiter tout son quota, elle irait à l’exportation, et ni l’Etat et ni le citoyen n’en bénéficieront. »
Seuls ceux qui participent à la campagne de la pêche récolteront les bénéfices », avait-t-il indiqué lors d’une conférence de presse. Mais se sont quand même des rentrées de devises pour l’Algérie ! Notons que l’Algérie dispose, actuellement, de 15 bateaux de pêche de thon dont 11 ont bénéficié de l’aide de l’Etat. Mais 5 d’entres eux (des 11 bateaux) sont en justice depuis 2009 dont 3 concernant l’affaire de » l’exportation illicite de thon ».
Meziane Atmani