Quand s’arrêtera la chute du prix du baril
Le gouvernement a été instruit par le président de la République pour ne pas toucher aux subventions, aux augmentations de salaires et aux projets en cours comme le logement et les transports.
Depuis le passage du prix du baril sous la barre des 60 dollars, la majorité des ministres de l’Exécutif sont sous pression. Le Premier ministre Sellal les a d’ailleurs convoqués hier pour discuter des mesures à prendre pour parer à toute éventualité à l’approche de la fin de l’année 2014 et la clôture de la loi de finances 2015. Lors de cette réunion, plusieurs ministres des secteurs sensibles et concernés directement par cette chute du prix du baril de pétrole. C’est le cas des finances, des travaux publics, de l’habitat, des ressources en eau et des travaux publics.
Les ministres ont été instruits à réfléchir sur les projets de développement inscrits dans le plan quinquennal 2014-2019 et définir leurs priorités sur la base de critères objectifs. Les rapports des différents ministères seront examinés lors de la rencontre gouvernementale de demain, qui aboutira à une nouvelle feuille de route pour le gouvernement pour l’année en approche.
La loi de finances 2015 étant bouclée et adoptée par le Parlement, le gouvernement cherche ainsi à redéfinir ses priorités en termes de projets et de développement des infrastructures de base. Youcef Yousfi n’a pas écarté d’ailleurs, lors de ses dernières interventions le recours à une loi de finances complémentaire en cas de chute encore du prix du baril. A ce moment-là, les projets inscrits dans le plan quinquennal seront réadaptés et les dates de lancement et les délais d’exécution seront revus. Le gouvernement a été instruit par le président de la République pour ne pas toucher aux subventions, aux augmentations de salaires et aux projets en cours comme le logement et les transports.
Tous les projets en cours vont être achevés. Avant même ce conseil, les ministères du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité s’étaient exprimés sur le terrain annonçant que le gouvernement ne touchera pas aux augmentations salariales et aux produits subventionnés par l’Etat. D’ailleurs, l’instruction vient du président de la République, qui a instruit pour que les projets du gouvernement de 2015, soient maintenus. Cela comprend la construction des logements Aadl, la construction des routes et l’alimentation de certaines régions en gaz et la poursuite des projets du métro et de tramways dans les villes concernées.
Le gouvernement maintiendra également les salaires des corps constitués (police, gendarmerie, douane et Protection civile).
Cependant, à côté du gouvernement, les indicateurs de prudence sont déjà en alerte au niveau des institutions publiques. Ainsi, le premier à s’inquiéter est Mohamed Laksaci, le gouverneur de la Banque d’Algérie, qui s’est exprimé devant les députés et qui a déclaré que la baisse du cours du pétrole n’est pas un drame en soi, précisant que «l’Algérie a effectivement prévu des mécanismes pour résister à la baisse du prix du baril. Il met en garde cependant, précisant que si l’Algérie a su, jusque-là, faire face au choc induit par la baisse du prix du baril de pétrole, il n’en demeure pas moins que les équilibres financiers du pays pourraient être affectés si les cours se maintiennent au même niveau».
De son côté, même Mohamed Seghir Babès, président du Conseil national économique et social (Cnes), a choisi de dire la vérité au peuple et aux pouvoirs publics et annoncer le lancement d’une commission chargée de réfléchir sur les alternatives en cas de chute du prix du pétrole.
Le gouvernement, la Banque d’Algérie et le Cnes, unissent leur compétence et leur savoir-faire pour trouver des solutions en cas de crise et surtout penser à un changement graduel de politique économique qui mise moins sur les hydrocarbures et qui essaye de trouver des ouvertures vers d’autres secteurs plus rentables et moins risqués.