Alors que la «vraie» saison estivale tire à sa fin,Les Algériens se morfondent dans l’ennui

Alors que la «vraie» saison estivale tire à sa fin,Les Algériens se morfondent dans l’ennui

20 jours nous séparent de la fin de la saison estivale et une bonne partie des Algériens n’a pas encore savouré ses vacances. Hormis une certaine catégorie de citoyens, habitués ou nantis, le reste de la population se morfond dans l’ennui, la routine et le vide, notamment à l’intérieur du pays.

En Algérie, la majorité écrasante des citoyens ont pour seule destination de villégiature la plage. Cette année, l’année estivale a commencé effectivement après l’annonce des résultats du Bac et devrait se terminer au début du mois de ramadhan, prévu le 1er août prochain. «Elle a commencé tard et finira très tôt», fera remarquer un professionnel du tourisme, augurant d’une saison «catastrophique». Plusieurs citoyens interrogés ont manifesté un sentiment de frustration quant à cette saison estivale plutôt ennuyeuse. Outre les aléas de la mauvaise gestion et le manque de commodités, les Algériens semblent préoccuper par les difficultés de la vie, que du choix des sites touristiques à visiter. «J’ai passé trois jours a la plage, c’était dégoûtant. Il n’y a rien a voir, l’animation fait grandement défaut, les prestations sont nulles et les prix exorbitants», raconte un jeune citoyen de la wilaya d’Alger. Un avis que partage un immigré rencontré dans la wilaya de Tizi Ouzou. Selon lui, «à la plage ou au village, c’est kif kif».

Contacté, un autre citoyen, commerçant dans la wilaya de Béchar, a décrit un paysage invivable. «C’est la chaleur suffocante, les gens survivent et ne respirent qu’une fois la nuit tombée», raconte-t-il. Les familles, souligne-t-il, préfèrent se cloîtrer chez elles durant toute la journée. «Ils règlent leurs affaires très tôt le matin et ne sortent qu’après le coucher du soleil», ajoute-t-il.

Les chanceux et les autres

Pour permettre aux enfants nécessiteux, originaires des wilayas du sud du pays, de bénéficier des bienfaits de la mer, des excursions ont été organisées en leur faveur par les autorités publiques.

Toutefois, ces randonnées ont ciblé une population particulière, celle d’enfants des wilayas du Grand sud qui n’ont, à ce jour, pas vu la mer. Dans certaines municipalités du pays, des piscines permettent aux gamins de se défouler et évitent aux pères de familles de débourser des sommes astronomiques pour faire plaisir à leurs progénitures. A Megtaa Lezereg, dans la commune de Hemmam Meloune à Blida, une piscine fait le bonheur des habitants des localités environnantes. «Elle est propre et bien entretenue», témoigne un habitant. Hélas, le nombre de ces infrastructures demeure insignifiant, au grand dam des petits enfants. «Mes enfants n’ont à ce jour pas connu le grand bleu, ni un séjour en forêt. Durant les grandes vacances, ils passent leurs congés à regarder la télévision à la maison ou à jouer au baby-foot dans le quartier», relate un citoyen de la wilaya de Tamanrasset, rencontré par hasard à la sortie de l’hôpital Mustapha d’Alger.

Tourisme local, une chimère !

Un groupe de jeunes de la wilaya de Béjaïa, approchés par nos soins, ont relevé qu’il ne suffit pas d’habiter à proximité de la mer pour bénéficier de «vacances permanentes». Les populations locales, notamment les étudiants, s’arrangent pour rentabiliser leurs vacances et se faire un pactole en prévision de la rentrée. Cette année, croit-on savoir, l’affluence de visiteurs a relativement baissé, par rapport aux années précédentes. «La vie est chère et le ramadhan est proche, les simples ménages préfèrent épargner leurs maigres économies», soutient un employé dans une entreprise privée à Hassi Messaoud. Lui aussi n’a pas hésité a faire le lien entre la ville de Hassi Messaoud et sa commune natale en Kabylie. «La bas c’est le désert, ici c’est la montagne, les deux sont secs, vides et inhospitaliers», se désole-t-il. Pourtant, les deux paysages disposent chacun de caractéristiques en mesure d’en faire des destinations touristiques par excellence. Actuellement, les deux sites manquent de tout, voir du minimum : le transport est trop cher et les infrastructures hôtelières font défaut. En attendant que les pouvoirs publics daignent les exploiter, voire les aménager, les gens du Nord et du Sud ne trouvent plus ou aller. A certains endroits, même la plage coûte les yeux de la tête aux petites bourses.

Par Aomar Fekrache