Alors que la ville semble retrouver progressivement son calme, Des «territoires libérés» à Ghardaïa

Alors que la ville semble retrouver progressivement son calme, Des «territoires libérés» à Ghardaïa
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Ghardaïa semble retrouver progressivement son train de vie. Les commerces reprennent timidement d’activité et les écoliers rejoignent en grande partie leurs classes de cours.

Toutefois, des ruelles barricadées restent sous le diktat de jeunes gens. Même la police n’y accède pas.

La population à Ghardaïa semblait essoufflée en cette matinée d’hier, mercredi 29 janvier 2014, après de rudes affrontements suivis d’une tension qui a pesé lourd, des jours durant, sur la ville. Des écoliers en file indienne se sont dirigés vers leurs établissements scolaires, en grève depuis presqu’une semaine.

Le craquement de l’ouverture des rideaux de commerces se fait entendre par endroits, et la poussière se dégage de ces boutiques fermées par mesure de sécurité. La place du vieux marché retrouve ses étals mais pas en majorité. Sur la rue principale du centre-ville, plus précisément au niveau du quartier Thnia, dont la population est à majorité chaâmbie, les commerces mozabites n’ont pas ouvert leurs portes.

LG Algérie

Sur les rideaux de ces boutiques, on peut toujours lire des graffitis en peinture : «Irhal, Khawaridj…», ainsi que d’autres insultes. Leurs propriétaires craignent toujours d’éventuelles agressions. Même si la vie a plus ou moins repris de ses couleurs, en cette matinée, à Ghardaïa, une légère tension se fait toujours sentir. La prudence reste de mise des deux côtés.

Il y a comme une trêve et les regards, dans la rue, évitent de se croiser et chacun tente, tant bien que mal, de ne pas répondre à toute provocation. C’est le cas de ces écoliers mozabites du CEM Ourida- Medad, qui ont été attaqués par des jets de pierre, lancés par d’autres jeunes Chaâmbis. Leurs parents ont préféré aller déposer plainte auprès de la police plutôt que de reprendre les hostilités. Un peu plus loin du centreville, à la limite des deux quartiers rivaux, celui dit Hadj Messaoud à population chaâmbie, et celui dit Bouhraoua à population mozabite, des renforts de police sont toujours stationnés.

Il y a comme une atmosphère d’état d’urgence. Mais le fait marquant est que certaines ruelles du quartier chaâmbi, à l’exemple de Charh Allah Omar et celle du 11-Décembre 1960, sont carrément barricadées par les jeunes habitants. A voir l’image de toute cette ferraille bloquant les accès, on aurait dit des «territoires libérés». Yacine Fekhar, un résidant du quartier affirme que «même la police n’y accède pas». En effet, les fourgons de police sont stationnés en dehors de ces ruelles, décidément tombées sous le diktat de jeunes gens qui font la loi. «Il y a beaucoup de personnes qui profitent de cette situation pour commercialiser librement la drogue et d’autres produits prohibés… dans ces ruelles libérées», soutient Mohamed Tounsi, un notable mozabite du Ksar Mélika.

Ce vieux ksar datant de 1355 surplombe le quartier Hadj Messaoud et qu’une bande de jeunes Chaâmbis avait attaqué, pour rappel, le 21 janvier dernier. Plusieurs maisons avaient été alors, saccagées et brûlées et les familles résidantes ont, depuis, élu domicile dans des écoles. Il est à signaler que le quartier mozabite en question a été facilement accessible. Celui des Chaâmbis, il faut dire que peu de gens osent s’y aventurer.

M. M.