Alors que la ville retrouve un calme précaire, Ghardaïa quadrillée par les forces de l’ordre

Alors que la ville retrouve un calme précaire, Ghardaïa quadrillée par les forces de l’ordre

Les commerçants maintiennent leur mouvement de grève et durcissent leurs positions. À Ghardaïa, le calme semble revenir, mais la tension est toujours vive. 61 policiers blessés, dont 1 gravement et 22 personnes arrêtées dont 8 placées sous mandat de dépôt.

Les appels au calme lancés notamment par les imams des deux communautés lors de la prière du vendredi dernier ainsi que par les notables, les sages et les élus des deux communautés ont réussi, plus ou moins, à atténuer la tension et ramener un tant soit peu le calme dans tous les quartiers de la vieille ville où les affrontements ont été les plus violents. Mais la tension reste vive et palpable. Il faut dire aussi que d’importants renforts des services de sécurité ont été acheminés de toutes les régions d’Algérie. Même le corps de la Gendarmerie nationale a été mis à contribution et a de suite pris ses positions, notamment dans les quartiers populaires de Baba Saâd et Haï El-Moudjahidine.

La ville est quadrillée par un impressionnant dispositif sécuritaire déployé au niveau des quartiers populaires et des axes principaux de la commune de Ghardaïa, qui a été durant une semaine, rappelons-le, le théâtre de violents affrontements intercommunautaires. Policiers et gendarmes sont déployés à travers tous les quartiers de la vieille ville et sa périphérie pour veiller à l’ordre public. Hormis cette présence renforcée des forces de l’ordre qui donne un semblant d’animation dont elle se serait bien passée, Ghardaïa est une ville morte.

Les commerçants ont baissé rideau et annoncé, par le biais d’un communiqué signé par le responsable local de l’Union générale des commerçants et artisans de Ghardaïa (UGCAA), une grève générale ouverte. Dans le communiqué, ils exigent que les auteurs des vols, des pillages et des incendies de leurs locaux commerciaux soient démasqués et traduits en justice, que les conditions de sécurité soient renforcées et garanties par les pouvoirs publics et que l’État s’engage à dédommager les commerçants dont les biens ont été pillés et détruits.

Seulement, vendredi, ceux-ci ont encore durci leurs conditions en exigeant cette fois que le chef de sûreté de wilaya de Ghardaïa, Abdelhak Bouraoui, soit relevé de ses fonctions, pas moins, et qu’une commission d’enquête soit diligentée pour déterminer pourquoi à chaque fois, il ne réagit que très tard et après des dégâts très importants. Ils demandent aussi instamment au chef de la IVe Région militaire de se déplacer sur les lieux et de constater de visu les dégâts pour se rendre compte de la situation et identifier la communauté qui subit les plus grosses destructions. Est-ce un hasard ou une réponse à cette demande ? On ne le sait pas, mais durant toute la journée d’hier, un hélicoptère n’a cessé de survoler la ville et ses environs.

Ils ont aussi donné instruction, par le biais d’un communiqué signé toujours par le responsable local de l’UGCAA, à tous les commerçants de restituer leurs registres du commerce et de cesser toute activité, et ce, tant que toutes les conditions exigées ne seront pas satisfaites et concrètement mises en œuvre sur le terrain. Pour rappel, ces affrontements qui durent depuis quatre jours ont provoqué des blessures à plus de 200 personnes, dont 4 sont dans un état très grave du côté des civils, alors que dans les rangs des services de sécurité, on dénombre pas moins de 61 blessés dont un gravement atteint par un parpaing plein lancé depuis une terrasse. Il a subi un écrasement au niveau de la colonne vertébrale qui lui a causé une paralysie. Il a été transféré en urgence à la clinique des Glycines, à Alger.

Un chirurgien très connu sur la place de Ghardaïa, officiant dans une clinique privée, nous a confié n’avoir pas dormi pendant 72 heures et qu’il a eu à opérer en 3 jours 17 personnes.

La population vit encore avec la hantise des émeutes et la crainte de voir leurs maisons incendiées. “Malgré cette présence renforcée des forces de l’ordre, nous ne nous sentons pas en sécurité. La situation risque de dégénérer à tout moment”, explique un habitant de la vieille ville de Ghardaïa. La paix, c’est ce que demandent les habitants qui vivent cette dramatique situation depuis une semaine. Ghardaïa a été le théâtre d’actes de violence depuis une semaine.

Des agressions ont été signalées sur les routes et les ruelles, des locaux commerciaux et des habitations ont été incendiés. Des habitants ont été agressés à l’intérieur de leur domicile par des émeutiers, créant ainsi une vive tension dans la région. Nous avons, par ailleurs, appris de sources sécuritaires que sur les 22 individus arrêtés, 17 d’entre eux ont été présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa, 8 ont été placés sous mandat de dépôt pour agression, incendie volontaire, vol, pillage, destruction de biens d’autrui et agression envers les forces de l’ordre. Cinq ont été placés sous contrôle judiciaire, 4 ont bénéficié d’une citation directe à comparaître et les 5 restants, retenus en garde à vue dans les locaux de la sûreté de wilaya de Ghardaïa, seront présentés, à leur tour, aujourd’hui devant la même juridiction.

L.