Au moment où l’armée française occupe le terrain, la diplomatie algérienne tentera de peser de tout son poids pour la restauration de la paix. C’est aujourd’hui que s’ouvre à l’hôtel El Aurassi, à Alger, le dialogue inclusif entre le gouvernement malien et les mouvements armés du nord du pays. Tant attendu, notamment par les officiels maliens, dépassés par les évènements, ce dialogue peut mettre les jalons d’une solution définitive à la crise sécuritaire très complexe que vit le Mali.
La démarche de l’Algérie qui a accepté la demande du président du Mali et des mouvement armés du Nord de s’impliquer dans la gestion du conflit est l’ultime espoir pour Bamako de sortir de la situation avec le minimum de dégâts. Au moment où l’armée française occupe le terrain, la diplomatie algérienne tentera de peser de tout son poids pour convaincre toutes les parties d’oeuvrer dans le sens de la restauration de la paix.
Le dialogue qui s’ouvre aujourd’hui est, en effet, le premier à rassembler l’ensemble des acteurs du conflit, depuis celui qui avait abouti à un accord intérimaire le 18 juin 2013 à Ouagadougou, au Burkina Faso, ayant ouvert la voie à la tenue d’élections présidentielle et législatives. Selon une source diplomatique proche du dossier, la sollicitation de la médiation de l’Algérie dénote la confiance que lui accordent les Maliens. «Le président malien considère que l’Algérie peut créer les conditions favorables à la réussite du dialogue. Il a demandé à l’Algérie de s’impliquer dans la gestion de la situation au nord de son pays», explique la même source, précisant que la demande a émané également de la part des mouvements activants au nord du pays.
Les efforts d’Alger ont déjà abouti à la signature, le 10 juin 2014 à Alger, de la déclaration d’Alger par trois principaux mouvements targuis du nord du Mali. A travers cette déclaration, le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) ont réaffirmé leur volonté de s’engager dans le dialogue inter-malien «inclusif».
Le processus a évolué et mettra aujourd’hui autour de la table de dialogue, les représentants du gouvernement, dont la délégation sera dirigée par le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop et les opposants du Nord soucieux de préserver l’unité territoriale du pays, même si certains mouvements du Nord exigent un statut d’autonomie pour la région.
Pour créer les conditions favorables à ce dialogue, il a été jugé utile d’impliquer les pays de la région, mais aussi les organisations internationales concernées par la situation au Mali dont l’ONU, l’UE et l’UA. D’ailleurs, avant l’entame officielle du dialogue inclusif inter-malien, aura lieu une réunion de haut niveau, regroupant les représentants des pays de la région et des organisations internationales.
Un dialogue qui s’annonce houleux du fait que les Mouvements du nord sont en position de force, face à un gouvernement, qui représente un Etat paralysé par «son incapacité structurelle à prendre en charge le Nord». «L’Armée malienne est vaincue par les groupes qui contrôlent physiquement le Nord. Sur le terrain, le rapport de force est en faveur des mouvements. L’Algérie veut les ramener à la raison, surtout qu’ils ont affirmé leur attachement au dialogue et à la nécessité de préserver l’unité territoriale. La démarche algérienne s’est imposée, car elle est la seule crédible à même d’apporter la solution. C’est notre rôle de rapprocher les avis des uns et des autres, surtout que toutes les parties nous font confiance», explique encore la même source.
Pour cette dernière, le problème du nord du Mali est politique et appelle, de ce fait, une solution politique, qualifiant les revendications des acteurs du nord du pays de «légitimes». Pour préparer le terrain au dialogue d’aujourd’hui, une session du Comité bilatéral stratégique (Algérie-Nord Mali) s’est tenue, hier soir, à Djenane
El Mithak d’Alger.