L’encours du financement non conventionnel du Trésor par la Banque d’Algérie a atteint 5192,2 milliards de dinars à novembre 2018.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Mohamed Loukal, a appelé, hier, l’Exécutif à davantage d’efforts pour limiter l’érosion des réserves de change. M. Loukal, qui a présenté les évolutions financières et monétaires du pays au titre de l’année 2017 et des 9 premiers mois de l’exercice 2018 à l’Assemblée populaire nationale (APN), a indiqué que les réserves de change de l’Algérie se sont contractées à 82,12 milliards de dollars à fin novembre 2018 contre 97,33 milliards de dollars à fin 2017, soit une baisse de
15,21 milliards de dollars en
11 mois. Elles étaient de 86,08 milliards de dollars à fin septembre 2018, soit légèrement plus que le déficit du solde global de la balance des paiements en raison de l’effet de valorisation négative de près de 0,83 milliard de dollars, lié à l’appréciation du dollar vis-à-vis de l’euro. Le compte courant de la balance des paiements a enregistré un déficit de 10,42 milliards de dollars durant les 9 premiers mois de l’année en cours contre 16,37 milliards de dollars à la même période 2017. Si leur niveau demeure encore appréciable, notamment au regard de l’encours très faible de la dette extérieure totale estimée à seulement 1,778 milliards de dollars, le gouverneur de la Banque d’Algérie estime que des efforts sont nécessaires pour diversifier l’économie, augmenter les exportations hors hydrocarbures et maîtriser les importations de biens. Pour rappel, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait indiqué que les réserves de change devraient s’établir à
85,2 milliards de dollars à fin 2018. Elles se sont, finalement, érodées plus rapidement que prévu.
M. Loukal a fait savoir que le prix moyen du baril de pétrole a atteint 72,2 dollars à fin septembre de l’année en cours. Les exportations d’hydrocarbures en valeur ont atteint 28,78 milliards de dollars. En revanche, les quantités d’hydrocarbures exportées, exprimées en tonnes équivalent pétrole (TEP), ont baissé de 8,7% durant les 9 premier mois de l’année 2018. Les exportations hors hydrocarbures ont enregistré une croissance 61%. Elles sont évaluées 1,58 milliards de dollars. Cette hausse résulte, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, essentiellement des exportations de produits semi-finis (engrais phosphatés et azotés).
Financement non conventionnel : les explications du gouverneur de la BA
Évoquant le financement non conventionnel, le gouverneur de la Banque d’Algérie a évoqué la mobilisation de 2 185 milliards de dinars au 4e trimestre de l’année dernière, dont 570 milliards de dinars pour financer le déficit global du Trésor public pour 2017, 354 milliards de dinars destiné au Fonds national d’investissement (FNI), 425 milliards de dinars à l’achat de la première partie des titres du Trésor détenus par Sonatrach, 540 milliards de dinars pour le rachat des titres du trésor liés aux dettes de Sonelgaz et 264 milliards de dinars au paiement de la première tranche de l’Emprunt national obligataire.
En janvier, 1 400 milliards de dinars de financement non conventionnel supplémentaire ont été mobilisés. 900 milliards de dinars ont été utilisés comme avance pour la couverture du déficit prévisionnel du Trésor public pour 2017 et 500 milliards de dinars représentant une affectation octroyée à la Caisse nationale des retraites (CNR) à l’effet de régler ses dettes envers la Caisse nationale des assurances sociales. En septembre, un autre montant de 420 milliards de dinars a été émis. 100 milliards de dinars sont destinés au rachat des titres du Trésor public détenus par le Crédit populaire d’Algérie (CPA), en contrepartie de l’assainissement des dettes de la société Sonelgaz. 320 milliards de dinars ont été injectés dans le Fonds national d’investissement (FNI) qui prêtera ce montant au CPA, en vue de financer les arriérés de paiements des programmes de logement de type “AADL”, au titre des exercices 2017 et 2018.
L’encours du financement non conventionnel a atteint 4005 milliards dinars à fin septembre 2018.
M. Loukal a précisé que le compte du Trésor auprès de la Banque d’Algérie était de 1 475 milliards de dinars. En novembre dernier, la planche à billets a également été sollicitée pour un montant de 1187,2 milliards de dinars. Le financement non conventionnel représente, à fin novembre 2018, 28% du produit intérieur brut, contre environ 19,7% en septembre de la même année. Ce nouveau montant est destiné au FNI, à hauteur de 735,2 milliards de dinars, et à Sonatrach, à hauteur de 425 milliards de dinars.
Concernant Sonatrach, M. Loukal a évoqué le rachat, par la Banque d’Algérie, des dettes du Trésor estimées à 9,4 milliards de dinars, représentant les compensations du différentiel sur les prix des carburants cumulés entre 2012 et 2014. Quant au montant mobilisé au profit du FNI, il sera essentiellement utilisé pour le financement du projet intégré de transformation du phosphate.
Meziane Rabhi