En dépit des appels au calme de l’Algérie qui privilégie la voie diplomatique, les USA et leurs alliés optent, eux, pour la solution militaire pour «ramener la paix au Nord-Mali».
Ce qui se passe, actuellement, au Mali ressemble étrangement au même scénario ayant conduit à l’invasion de la Libye par les forces de l’Otan, il y a près de deux ans. Désireux d’imposer un nouvel ordre mondial et se pressentant comme les champions de la démocratie volant au secours des peuples sevrés de liberté, les USA et leurs alliés cherchent, en vérité, à s’installer dans la région du Sahel pour faire main basse sur ses richesses et neutraliser les pays qui, comme l’Algérie, refusent de leur prêter allégeance.
C’est la conclusion à laquelle ont abouti de nombreux experts qui sont persuadés, en tout cas, que derrière la menace d’une intervention armée se cachent des visées expansionnistes, et ce n’est pas par pur hasard qu’ils ont choisi le Mali, après la Libye. Hôte, hier, du forum d’El Moudjahid, le politologue Mohand Berkouk n’est pas allé avec le dos de la cuillère, en accusant les Etats-Unis et leurs alliés d’être derrière le complot. Un complot qui ne vise pas uniquement le Mali, mais aussi l’Algérie en raison surtout du rôle moteur qu’elle joue dans la région et de son engagement en faveur des causes justes à travers le monde.
Se disant outré par les écrits parus dans les journaux occidentaux qui préconisent une intervention militaire pour libérer le Nord Mali, le conférencier affirme être convaincu que seule une solution diplomatique pourrait ramener la paix. «Il existe une très forte poussée médiatique en France qui privilégie l’action armée, contrairement à beaucoup de pays qui appellent à une solution négociée du conflit.» Réitérant la position de l’Algérie, le professeur Mohand Berkouk la qualifie de sage et réaliste parce qu’elle s’oppose à toute intervention militaire qui risquerait d’embraser toute la région. «L’approche algérienne est très réaliste. Elle exclut l’action militaire et le recours à la force qui risquent de plonger le pays dans le chaos et par ricochet tous les pays voisins qui sont pour une solution politique du conflit.» Selon lui, «l’ingérence étrangère n’est pas la bienvenue car elle vise la déstabilisation du Mali et de tous les pays limitrophes». Invité lui aussi, du forum, Saïd Mustapha, spécialiste en géopolitique, a axé son intervention sur la diplomatie algérienne qui, partout où on a fait appel à elle, est parvenue à tirer son épingle du jeu, en trouvant des solutions aux questions les plus complexes.
Citant les accords d’Evian, l’orateur a mis en exergue le rôle joué par les diplomates algériens qui n’ont pas fléchi sur la question du Sud algérien pour lequel les pourparlers ont duré plus de deux années. Selon le spécialiste, «la politique française en Afrique n’a pas du tout changé et repose uniquement sur le profit et l’intérêt. L’ancien président, François Miterrand, avait déclaré que la politique française en Afrique c’est Elf, Total et Areva. La France a quitté l’Afrique, mais elle n’a pas écarté l’idée d’y revenir un jour, surtout en Algérie et dans le Sud. «Pour la France, le Sud algérien est un espace propice pour les essais nucléaires. En poussant les populations touarègues à se rebeller, elle espère déstabiliser et nuire à des pays comme l’Algérie», a-t-il indiqué. Pour ce faire, elle n’a pas hésité à favoriser des acteurs dans le conflit par rapport à d’autres, en leur fournissant des armes et une aide logistique. «La surprise, c’est lorsque la France a appris que les armes qu’elle avait acheminées et parachutées à partir des drones avaient été récupérées par les groupes rivaux», a- t’il confié.
Le Mali revêt une importance stratégique pas seulement pour les richesses que renferme son sous-sol, mais aussi pour la route du sel considérée comme d’importance stratégique. Pour le colonel à la retraite, Benamar Bendjana, l’intervention militaire est une option très dangereuse, car elle mettrait en danger les populations maliennes ainsi que toutes celles des pays voisins. «Comment va-t-on faire pour accueillir et nourrir les réfugiés?», s’est il interrogé.