Tandis que la loi sur l’audiovisuel devant dicter les règles de l’ouverture du champ audiovisuel en Algérie n’a toujours pas été adoptée, les nouvelles chaînes privées (Echourouk TV, Ennahar TV, El-Djarairia) exerçant avec de simples autorisations comme c’est le cas pour les chaînes étrangères, commencent à faire de l’audience auprès des téléspectateurs algériens.
Selon une étude effectuée par l’institut français spécialisé dans le Marketing, Immar, durant les deux dernières semaines du mois de Ramadhan et dont on a pu obtenir une copie, Echourouk TV a été la chaîne algérienne la plus regardée par les Algériens avec une part d’audience moyenne de près de 20% par jour. Elle vient juste après l’A3 qui a enregistré une part d’audience quotidienne de 20,28%. Vient en troisième position l’autre nouvelle chaîne El-Djazairia, en l’occurrence, avec une audience moyenne de 5,85%, suivie de l’ancienne télévision unique, l’ENTV et Ennahar TV avec des parts d’audience moyennes respectivement de 6,42% et 5,57% par jour.
Khalil Benbarkat, directeur de Magna, agence conseil en communication (filiale du groupe mondial IPG) dira que « Ces nouvelles chaines privées arrivent dans une conjoncture où l’audience des chaines gouvernementales est au plus bas hormis durant le mois de Ramadan », ajoutant néanmoins « qu’elles (les chaînes privées) font face à une rude concurrence satellitaire principalement venant des chaines MBC qui attire 48% de l’audience féminine algérienne et 38% de l’audience masculine (hors Ramadhan) ».
Expliquant l’émergence de ces acteurs, notre interlocuteur dira que « La scène médiatique algérienne est actuellement en train de vivre son revirement le plus important depuis les années 1990 où le code de l’information a été revu ce qui avait eu pour conséquence la cessation du monopole de l’Etat sur la presse ». Un chamboulement du champ médiatique qui sera sans doute d’un grand effet sur le marché publicitaire.
Quoique, selon M. Benbarkat, « Les challenges de nouvelles chaines privées ne s’arrêtera pas à cela car elles devront aussi prendre en considération la qualité de la production existante sur le marché, elles devront former une nouvelle génération de réalisateurs, de présentateurs, de scénaristes et d’autres métiers de l’audiovisuel et qui devront se débarrasser des limites conventionnelles engendrés par la télévision publique pour apporter de vrais show algériens ».
Notons, par ailleurs que ces chaînes sont venues s’imposer à un moment où la loi sur l’audiovisuel devant fixer les règles d’ouverture des chaînes privées n’a toujours pas été adoptée. Celle-ci doit être adoptée avant la fin de l’année 2012 puisqu’elle figure dans l’ordre du jour du nouveau parlement.
Par Fatima Bouhaci