Voilà que les prix des légumes s’envolent sans aucune justification. Le marché étant libre, les prix le sont également et «tag ala men tag» comme on dit.
Il y a vingt jours, le Premier ministre a fait savoir lors la 13e tripartite que le gouvernement compte faire face à l’inflation et ne pas voir l’augmentation du SNMG, cette fois-ci de 3 000 DA, écrasée par la hausse des prix des produits de large consommation. Cependant, voilà que les prix des légumes s’envolent sans aucune justification. Le marché étant libre, les prix le sont également et «tag ala men tag» comme on dit.
Dans ce cadre, Ahmed Ouyahia avait annoncé l’amendement du code de commerce de manière à fixer des marges bénéficiaires sur tous les produits ; car selon lui, l’inflation provient à 90% des produits agricoles et l’Etat poursuivra sa politique de régulation dans toute sa rigueur.
Il faut savoir que les amendements apportés au code de commerce ont été examinés la semaine dernière lors d’une réunion du gouvernement, mais aucune information n’a été donnée sur les changements.
Selon la réglementation en vigueur, il faut attendre que cet amendement passe en Conseil des ministres puis par les deux chambres du Parlement, même si, selon des observateurs, il faut s’attendre à une ordonnance. En attendant la promulgation de ce texte, les simples citoyens payent la facture en l’absence d’autorité sur les prix des produits de large consommation.
Pourtant, lors des auditions qu’il a consacrées au mois de ramadhan dernier, le Président Bouteflika avait refusé cette thèse de liberté des prix, soulignant que «la liberté de l’activité commerciale ne peut justifier la limitation des capacités de l’Etat à imposer des pratiques commerciales loyales» et avait recommandé à son ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub de prendre des mesures.
Le président a même sollicité l’aide des imams pour sensibiliser et remédier à travers leurs prêches aux pratiques liées à la spéculation. Un appel qui montre la difficulté de la situation et qui fait ressortir que même le chef de l’Etat est conscient d’une défaillance dans la gestion du dossier du contrôle des prix.
Un dysfonctionnement payé par le simple citoyen qui ne pourra pas se permettre une soupe de légumes secs ou frais durant cet hiver qui s’annonce très froid. Ainsi, la «loubia» qui était un plat des familles modestes, est devenu un luxe avec l’augmentation de son prix qui a atteint, chez certains commerçants d’Alger, les 200 DA. Concernant les légumes frais, l’oignon, qui est utilisé dans la plupart des plats est cédé à 60 DA.
Ainsi, les calculs faits par Ahmed Ouyahia concernant l’effet inflation sur le pouvoir d’achat, estimant que cette fois-ci «les travailleurs auront à profiter amplement de cette augmentation puisqu’elle sera appliquée dans les quelques semaines à venir», soit à partir du 1er janvier prochain, sont faux. Seulement, la réalité du marché des légumes est là pour dire que personne ne contrôle personne.
Il faut dire que les explications de la hausse des prix des produits de large consommation diffèrent. Pour ce qui est du prix des pâtes alimentaires et des légumes secs importés, cette hausse est justifiée par les frais de transport des marchandises depuis l’interdiction faite aux bateaux d’accoster le port d’Alger.
Cela, sans écarter les conséquences des mesures introduites par la LFC 2009, en particulier le crédit documentaire et ses effets sur l’approvisionnement du marché national. Cependant, la question de la hausse des prix a existé bien avant la LFC 2009, ce qui veut dire qu’il y a des explications ailleurs. Mais chez qui ?
Nacera Chenafi