Après avoir déjà annoncé sa démission à maintes reprises par le passé, voilà que le président de la JS Kabylie, Mohand-Chérif Hannachi, remet ça en déclarant, jeudi en cours de soirée, en direct à la Télévision nationale, qu’il a déjà pris la décision de quitter la présidence de la JSK dès la fin de la présente saison. Si de telles sorties médiatiques du chairman kabyle ont toujours été prises à la légère, du fait que l’intéressé est revenu à chaque fois sur sa décision, il faut bien croire que cette fois-ci est à prendre au sérieux, et ce, pour plusieurs raisons.
Lors de son intervention de jeudi soir sur la chaîne de télévision publique ENTV, on sentait de gros signes de lassitude et de résignation dans la voix saccadée de Mohand-Chérif Hannachi, lui qui est harcelé de toutes parts pour quitter son poste de président de la JSK, et ce, après avoir vécu certainement l’année la plus noire de sa vie à la tête du club kabyle, et ce, avec la perte tragique du Camerounais ébossé Bodjongo, affreusement décédé lors du fameux match JSK-USMA du 23 août 2014, puis il y eut la lourde suspension de six mois à huis clos infligée par la Ligue de football professionnel, curieusement suivie d’autres sanctions injustes de la part de la CAF, et enfin les résultats qui ne suivaient pas au fur et à mesure que la saison égrenait ses échéances. De plus, hormis l’opérateur de téléphonie mobile Ooredoo qui est resté fidèle au club kabyle, les autres sponsors lui ont tourné le dos et il s’en est suivi de graves problèmes de trésorerie qui ont pesé lourdement sur le moral des troupes et par là même sur le rendement de toute l’équipe. Ajoutez à cela que le président Hannachi, qui frise déjà les 65 ans, a été terriblement affaibli ces derniers temps par un état de santé des plus précaires qui l’a obligé maintes fois à se faire hospitaliser en Algérie et en France, parfois dans un état des plus critiques. Malgré toute cette adversité, il a tenté de s’accrocher à son poste pour essayer de redresser la barre
, mais voilà que le navire tangue et chavire de plus en plus jusqu’à frôler aujourd’hui une descente aux enfers que toute la Kabylie redoute de jour en jour. Le constat est dur et accablant pour une région qui ne peut vivre sans sa JSK, symbole de tout un patrimoine qui ne date pas d’aujourd’hui. “Après la mort d’ébossé et les durs moments que j’ai personnellement vécus, n’importe quel personne à ma place aurait jeté l’éponge, mais j’ai tout essayé pour tenter de redresser la barre. Je l’ai fait au détriment de ma santé et de ma famille, car je suis un enfant du club et je n’avais pas le courage de l’abandonner dans de tels moments cruciaux”, dira Hannachi qui n’est pas allé par trente-six chemins pour annoncer la fin de son règne à la tête de la JSK. “Pour l’heure, ce qui m’importe le plus, c’est de sauver le club de la relégation et je vous annonce que le dernier match de la saison CSC-JSK sonnera mon départ définitif de la présidence du club. Après tant d’années et de sacrifices consentis pour la JSK, l’heure est certainement arrivée de passer le relais à des investisseurs de la région, tels que Hadj Rahim, Malik Azlef, Lakhdar Madjène et autres Ahmed Ouramdane, et si d’autres industriels de la région sont intéressés par un tel challenge ils sont les bienvenus pour reprendre le flambeau et redonner à la JSK toutes ses lettres de noblesse”, dira encore Hannachi, visiblement décidé à quitter le bateau après avoir réussi tant de conquêtes et de titres pour finir par baisser pavillon et rentrer progressivement dans le rang ces dernières années. Hormis la victoire en finale de Coupe d’Algérie au détriment de l’USM Harrach en 2011 et la finale ratée de l’année dernière face à l’éternel rival, le Mouloudia d’Alger, la JSK n’a pu étoffer son palmarès fort élogieux dans un passé récent. Et comme en football il n’y a que les résultats qui comptent, le vent de la révolte des supporters kabyles a fini par souffler, car ces derniers exigent du sang neuf au sein du club, et Hannachi donne enfin la nette impression qu’il a compris qu’il est temps de quitter la table dans l’intérêt suprême de son club de toujours, la JSK. “Si l’heure est arrivée de céder le flambeau, il n’en demeure pas moins que je serai toujours un fidèle supporter du club, même dans les moments difficiles”, dira enfin Hannachi, dont le club joue et risque gros dès cet après-midi où l’attend de pied ferme la formation du RC Arba qui est logée pratiquement à la même enseigne. Tout cela pour dire que la défaite est interdite pour chacune des deux formations !
M. H.