Alors que la grogne sociale s’amplifie: Les partis politiques se font muets

Alors que la grogne sociale s’amplifie: Les partis politiques se font muets

La classe politique semble inscrite aux abonnés absents. Ce constat découle de l’absence déconcertante de réaction face aux événements qui secouent le pays ces derniers mois. Exception faite du rendez- vous présidentiel de 2014, la grogne sociale qui ne cesse de monter, est ignorée par la classe politique.

Outre les problèmes et tensions internes qui les minent, de nombreux partis politiques donnent l’impression d’être incapables de formuler des propositions à même de signifier son intérêt à la population et ses problèmes. C’est le cas du FLN et du RND, pour ne citer que ceux-là vu leur poids sur la scène politique nationale, où le statu quo plombe leurs activités politiques, puisqu’ils sont sans tête depuis trois mois. Conséquemment, le gouvernement se retrouve seul face à la pression de la rue et surtout aux revendications des jeunes chômeurs. La grogne monte sur le front social et les problèmes s’accumulent.



Face à cette grogne sociale qui a gagné plusieurs secteurs à travers tout le pays, la classe politique reste muette, sinon indifférente. Cette attitude, on ne peut mieux déplaisante, renseigne sur le désintérêt, sinon la démission totale, de la classe politique algérienne quant aux préoccupations des citoyens. Autrement dit, la majorité des partis politiques ont, semble-t-il, la tête ailleurs au moment où plusieurs soulèvements ébranlent différents secteurs d’activités.

Outre les mouvements de protestation des jeunes chômeurs du Sud qui fait tache d’huile, la contestation gagne tout ou presque les secteurs. L’Education, la Santé, les communes, les Transports, les grèves sont devenues un moyen systématique auquel ont recours les travailleurs de ces secteurs en constante ébullition. Si les deux principaux partis s’affairent à régler les problèmes dans lesquels ils se débattent depuis des mois, d’autres partis –en marge de l’actualité sociale– s’affairent à autre chose.

Les élections présidentielles de 2014 occupent le devant de la scène politique et intéressent tous les partis politiques, y compris les nouveaux. Ces derniers, partagés entre partisans et opposants au 4e mandat présidentiel et la révision de la Constitution prévue au courant de cette année, affichent un désintérêt total envers les préoccupations des citoyens. Hormis certains partis qui ont tenté de détourner à des fins politiciennes les revendications soulevées par les jeunes chômeurs, les autres sont restés aphones. En d’autres termes, les tentatives de manipulation ont supplanté le rôle que devait jouer la classe politique qui a brillé, encore une fois, par son absence.

Le porte-parole du Comité national de défense des droits des chômeurs a déclaré que le mouvement des chômeurs est un mouvement social pacifique. Conscients des tentatives et manoeuvres de manipulation, les chômeurs du Sud ont, pour rappel, appelé les organisations de la société civile, les partis politiques à ne pas exploiter leur mouvement. «Nous exigeons de toutes les organisations, dont les partis, de s’abstenir d’exploiter notre mouvement», a affirmé le coordinateur du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC). Ce dernier explique que les revendications des chômeurs sont purement sociales.

Il s’agit ni plus ni moins du droit au travail et de l’ouverture d’un dialogue direct avec le gouvernement sur l’emploi. Rappelons, dans ce contexte, que le gouvernement a adopté une série de mesures en faveur de l’emploi pour les jeunes chômeurs du Sud. Le ministre du Travail, Tayeb Louh, s’est rendu jeudi dernier à Tamanrasset pour une visite éclair pour tenter d’apaiser la tension dans cette wilaya du Sud qui vit ces derniers jours au rythme des protestations. Cette visite intervient après le rassemblement réussi des chômeurs de Ouargla, à la mimars dernier. Louh a multiplié les annonces et les initiatives pour absorber un mouvement qui fait peur au gouvernement, surtout que les tentatives de manipulation existent.

Ali Karimou