La grève se poursuit à Air Algérie. La quasitotalité des vols au départ et à destination de la France, en particulier, ont été annulés, alors que la direction de la compagnie décide de passer aux sanctions.
Si le personnel navigant commercial a réussi, pour le troisième jour consécutif, à clouer au sol les appareils d’Air Algérie et pénaliser de surcroît des milliers de passagers, la direction de la compagnie quant à elle, à défaut d’alternatives et de solutions négociées, décide de licencier les meneurs de la protestation. L’information a été communiquée, hier, par Mohamed-Salah Boultif, P-DG de la compagnie, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.
«Une fois la reprise du travail assurée, nous allons étudier le cas des licenciés», a déclaré le nouveau patron de la compagnie nationale qui appelle à la même occasion les grévistes à reprendre le travail et à l’instauration d’un dialogue constructif. Même son de cloche chez la chargée de la communication, qui dans une déclaration à TSA, a confirmé le recours de la compagnie à cette mesure radicale.
«La compagnie a entamé des licenciements depuis mardi », a-t-elle affirmé sans pour autant disposer du nombre de personnes concernées de cette mise à la porte. Mais ces sanctions prises à l’encontre des « meneurs » du débrayage n’ont pas, jusque-là, dissuadé les grévistes.
Le programme des vols a été fortement perturbé. Le ciel algérien se ferme aux avions d’Air Algérie. Les enregistrements se font au compte-gouttes. C’est toujours la pagaille au sein des aéroports aussi bien ici en Algérie qu’à l’étranger. Dans plusieurs aéroports français, la tension n’a de cesse de s’amplifier.
L’ambiance était très tendue, notamment, en l’absence d’information. Au comptoir de la compagnie, les passagers bouillent de colère manifestant une confusion indescriptible.
À l’aéroport de Marseille comme à l’aéroport parisien d’Orly ou de Nice des centaines de passagers qui ont dû y passer la nuit de mardi à mercredi, rapporte l’AFP, étaient révulsés, scandalisés et révoltés. « On veut un avion, on veut un responsable! », scandaient des voyageurs. « On n’a vu personne d’Air Algérie! Ils ne nous donnent aucune information », s’écrient d’autres.
Face à cette situation pénalisante qui se durcit davantage, le ministre français des Transports, Thierry Mariani, dans une réunion tenue hier matin avec des représentants de l’ambassade d’Algérie en France, de la compagnie Air Algérie, d’Aéroports de Paris et des services de l’État, a insisté « sur les obligations de la compagnie envers ses clients, notamment le devoir d’assurer l’information la plus complète des passagers afin notamment d’éviter qu’ils ne se rendent inutilement dans les aérogares et sur l’impératif de mettre en oeuvre tous les moyens alternatifs d’acheminement que ce soit par les airs ou par d’autres modes (train/bus + bateau) à destination de l’Algérie ».
À cet égard, les compagnies aériennes françaises Air France et Aigle Azur ont affrété chacune deux avions supplémentaires pour effectuer quatre vols au départ d’Orly et de Lyon à destination d’Alger.
Ces quatre vols s’ajouteront aux quatre autres vols quotidiens assurés par la compagnie aérienne française entre l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de- Gaulle et Alger. De l’autre rive de la Méditerranée, au sein des aéroports algériens, le cauchemar des voyageurs se poursuit. Seuls 35 vols sur les 150 programmés par la compagnie pouvaient décoller, hier, alors que dans certains aéroports, à l’instar de celui d’Es-Senia d’Oran, aucun décollage d’avion n’a été effectué.
Il convient de préciser, par ailleurs, qu’aux dires des représentants du collectif des grévistes, les protestataires ne réclament pas, à proprement parler, une augmentation salariale mais «une reconnaissance par la direction générale de leur statut avec les avantages y afférents», y compris donc au plan de la rémunération. Le statut actuel relatif au «personnel navigant» est, selon ce représentant du collectif, loin de refléter la réalité dans laquelle ils exercent.
Outre le fait qu’ils soient considérés comme personnel au sol par la direction d’Air Algérie (contrairement au personnel navigant technique comme les pilotes), leur rétribution s’appuie de facto sur ce point précis, négligeant par là même les avantages que toutes les compagnies aériennes de par le monde offrent à leur personnel navigant (prime de risque, indemnités…).
L’Entmv à la rescousse
Selon le président-directeur général de l’Entreprise nationale du transport maritime des voyageurs (Entmv), Ahcène Grairia, sa compagnie a tracé un programme destiné à prendre en charge gracieusement les voyageurs d’air Algérie bloqués dans différents aéroports en Europe et en Algérie suite au débrayage du personnel naviguant.
S’exprimant, hier lors d’un point de presse, Ahcène Grairia a affirmé que l’Entmv a déjà transporté, mard,i vers Alger 116 voyageurs à partir de Barcelone, via Palma de Majorque, alors que 30 autres voyageurs, arriveront à Oran à bord du navire Ariadne, en partance d’Alicante.
Le «Ariadne», battant pavillon grec affrété par l’Entmv, et les «Tariq Ibn Zyad» et «El-Djazaïr» sont exploités actuellement sur les lignes de cette compagnie. Il a affirmé, en outre, que l’Entmv « continuera de transporter les passagers d’Air Algérie, jusqu’à la fin de la grève tant qu’il y a des places disponibles sur les liaisons maritimes desservies par l’entreprise ».
H. M